Derrière vos vêtements européens : des ouvriers malgaches payés 60€ par mois
Vous portez probablement sur vous un morceau de Madagascar. En effet, des marques reconnues comme Orchestra, Petit Bateau ou encore Zara font partie des enseignes qui produisent une partie de leurs collections dans l’île. Derrière ces habits vendus à prix abordables en Europe se cache une réalité bien différente pour les ouvriers locaux.
Dans des ateliers géants où plusieurs centaines de personnes travaillent chaque jour, les salariés perçoivent un salaire mensuel de seulement 60 euros pour une semaine de 40 heures. Un chiffre qui interpelle autant qu’il questionne nos modes de consommation et notre responsabilité collective.
Malgache mais made in Europe : une filière textile stratégique
Madagascar n’est pas souvent associé aux grandes surfaces commerciales d’Europe, pourtant, l’île joue un rôle central dans la fabrication de vêtements destinés au marché français et européen.
Depuis plusieurs années, des entreprises textiles locales collaborent avec des multinationales pour la confection de vêtements enfant, casual ou même mode. Cette coopération s’explique par plusieurs avantages logistiques et économiques pour les marques :
- Un accès préférentiel aux marchés européens via le dispositif “Everything But Arms”.
- Une main-d’œuvre bon marché et disponible.
- Des coûts de production très compétitifs.
🇫🇷🇲🇬 Orchestra, Petit bateau, Zara… De nombreux vêtements portés en France et en Europe sont produits à Madagascar. Les ouvriers travaillent dans des ateliers énormes et sont payés 60€/mois pour 40h/semaine de travail.
pic.twitter.com/1icUnnk73o— Cerfia (@CerfiaFR) June 3, 2025
Pour les consommateurs, cela signifie des vêtements accessibles. Pour les ouvriers malgaches, cela peut signifier travail pénible pour un revenu insuffisant.
Des salaires extrêmement bas : 60€ par mois pour 40h/semaine
Dans les grandes unités de confection situées principalement à Antananarivo et autour de la capitale, les ouvriers gagnent environ 60 euros par mois, soit un salaire horaire inférieur à 1,5 euro. Ce montant, bien en dessous du seuil de pauvreté local, alimente régulièrement les débats sur les conditions de travail dans la chaîne textile mondiale.
Ces ouvriers, majoritairement des femmes, passent des journées entières penchés sur des machines, dans des ateliers surpeuplés, pour un revenu qui ne permet pas toujours de subvenir aux besoins essentiels. Malgré des normes sociales affichées par certaines marques, les réalités sur le terrain restent difficiles à contrôler.
Qui profite vraiment de cette production ?
Les bénéfices de cette filière sont loin d’être également répartis. Si les usines offrent des emplois dans un pays où le chômage reste élevé, ces postes restent peu protecteurs socialement.
Les marques occidentales peuvent vendre un tee-shirt à 15 €, alors que la part reversée aux ouvriers représente une fraction infime de ce prix final. La majeure partie de la valeur ajoutée reste concentrée en Europe, tandis que les efforts physiques et humains sont externalisés.
Ce modèle économique pose la question du juste prix de la fast fashion et du coût réel de notre manière de consommer.
Quelles solutions pour améliorer les conditions ?
Plusieurs ONG et syndicats locaux appellent à une réforme du secteur. Parmi les pistes avancées :
- L’instauration d’un salaire minimum vital prenant en compte le coût de la vie locale.
- Un contrôle renforcé des fournisseurs locaux par les marques internationales.
- Une transparence accrue sur la chaîne d’approvisionnement, afin que les consommateurs sachent exactement où et comment leurs vêtements sont produits.
En parallèle, les pouvoirs publics malgaches doivent jouer leur rôle dans la protection sociale et juridique des travailleurs. Sans pression politique ni engagement des marques, rien ne changera durablement.