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Conflit médecin-Assurance maladie : La guerre des arrêts de travail s’intensifie

La tension monte entre les médecins généralistes et l’Assurance maladie. Une nouvelle campagne visant à réduire les prescriptions d’arrêts de travail suscite une vive opposition. Plusieurs syndicats dénoncent une pression inacceptable sur les praticiens, accusés de prescrire trop souvent des périodes d’incapacité. Décryptage d’un conflit qui pourrait affecter la relation médecin-patient.

Une campagne de « mise sous objectif » qui divise

Depuis quelques semaines, environ 500 médecins généralistes sont ciblés dans le cadre d’une campagne lancée par l’Assurance maladie. Objectif affiché : réduire de 20 % la prescription d’arrêts de travail longue durée. À partir du 1er septembre, ces praticiens devront respecter un plafond chiffré. Une deuxième vague est prévue pour janvier 2026.

L’institution justifie cette initiative par une hausse significative des dépenses liées aux indemnités journalières : +6,7 % sur les quatre premiers mois de 2025, selon le comité d’alerte sur les dépenses d’assurance maladie. Un excès qui risque de faire déraper le budget de la Sécurité sociale de 500 millions d’euros.

« Une pression inacceptable » selon les syndicats

Les représentants des médecins généralistes ne l’entendent pas de cette oreille. MG France, principal syndicat de la profession, dénonce une démarche injuste et inefficace. Selon sa présidente, la Dre Agnès Giannotti, “ces arrêts ne sont ni des abus, ni des fraudes. Ils répondent à des pathologies sérieuses, sans alternative immédiate.”

Elle ajoute : “Demander une baisse de 20 % revient à obliger les médecins à brimer leurs patients.” Une position partagée par l’ensemble des organisations syndicales, qui appellent à un refus collectif de signer ces accords.

Des conséquences pratiques pour les patients

Si les médecins refusent de se plier à ces objectifs, ils basculent automatiquement en “mise sous accord préalable”. Autrement dit : chaque arrêt de travail devra être validé par un médecin-conseil de l’Assurance maladie. Cette procédure allonge les délais, augmente la charge administrative et complexifie l’accès au soin pour les patients concernés.

Un précédent qui n’a pas calmé les esprits

Cette approche n’est pas nouvelle. Une campagne similaire avait été menée entre 2023 et 2024. Elle avait déjà provoqué une levée de boucliers dans la communauté médicale. Aujourd’hui, face à une situation sanitaire et sociale plus tendue, les praticiens craignent que cette pression renforce la fracture entre les soignants et l’institution.