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Violences contre des journalistes de France 2 : le clash autour des bassines d’irrigation s’intensifie

Des journalistes de France 2 ont été violemment pris à partie par un groupe d’agriculteurs alors qu’ils réalisaient un reportage sur la dégradation de réserves d’eau. L’un des agriculteurs aurait même lancé : « Dégagez, sinon ça va mal finir ». Une scène qui illustre une situation tendue entre militants écologistes, producteurs agricoles et médias.

Une intervention virulente face caméra

Mardi après-midi à Ferrières, en Charente-Maritime, une journaliste et une JRI de France 2 tournaient un reportage sur les dégradations récentes de bassines d’irrigation, lorsque quatre agriculteurs sont intervenus avec véhémence. Selon le témoignage de la journaliste Anne Guillé-Épée, ces derniers se sont approchés en hurlant : « Dégagez d’ici ou ça va mal finir ! ».

La tension est montée rapidement. Les hommes auraient bousculé le militant interrogé, Jean-Jacques Guillet, tandis que la caméra était heurtée, blessant légèrement la journaliste au genou. « On a eu peur qu’ils nous tapent dessus », a-t-elle déclaré. Le matériel a été replié précipitamment et l’équipe a quitté les lieux.

Menaces, insultes et coups de pieds : un climat électrique

Selon le militant du collectif « Bassines Non Merci », un agriculteur serait allé jusqu’à vouloir lui « casser la gueule », avant d’être retenu par ses camarades. Lunettes brisées, voiture endommagée, ton agressif : le tableau dressé par les deux protagonistes est inquiétant.

L’un des agriculteurs mis en cause, Jean-Philippe Rousseau, a reconnu être intervenu sur place, mais nie toute violence physique. « On a juste parlé fort », affirme-t-il. Pour lui, la présence du militant sur un terrain privé, filmée par les journalistes, constituait une provocation. Il accuse également le collectif BNM d’avoir participé aux dégradations de bassines revendiquées récemment**.

Un conflit autour de la loi Duplomb et des ressources en eau

Les tensions autour des bassines d’irrigation s’intensifient depuis l’adoption de la loi Duplomb au Sénat. Ce texte facilite la construction de retenues d’eau destinées à abreuver les cultures en période de sécheresse. Mais pour les opposants, ces aménagements aggravent la pression sur les ressources hydriques et nuisent à l’environnement.

Ce conflit oppose fermement les agriculteurs, majoritairement favorables à ces infrastructures, aux militants écologistes, qui y voient un gaspillage inacceptable. Les dégradations dites « écoterroristes »** (notamment avec un cutter) de plusieurs bassines ces derniers jours ont ravivé la colère locale.

Le Syndicat national des journalistes dénonce une atteinte grave à la liberté d’informer

Face à cet incident, le Syndicat national des journalistes (SNJ) a exprimé son indignation. « C’est une entrave grave à notre métier », a dénoncé une porte-parole. Interpeller une équipe de presse en plein tournage pose un problème évident de sécurité, mais aussi un risque pour le droit à l’information.

Anne Guillé-Épée a elle porté plainte pour menaces et violences. L’affaire pourrait connaître des suites judiciaires, dans un contexte déjà très tendu sur le sujet de l’eau et de l’agriculture.