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Étonnement dans les médias : Rodolphe Saadé nommé Officier de la Légion d’honneur

Une nomination qui fait débat. Alors que l’été 2024 bat son plein, le décret publié par l’Élysée le 14 juillet dernier a surpris plus d’un observateur. Rodolphe Saadé, PDG du groupe CMA CGM et 6e fortune de France, vient d’être élevé au grade d’Officier de la Légion d’honneur. Un choix salué par certains comme une reconnaissance du rayonnement économique national, mais critiqué par d’autres qui pointent du doigt ses liens étroits avec des médias d’influence.

Rodolphe Saadé : entre puissance économique et influence médiatique

À la tête du géant maritime CMA CGM, Rodolphe Saadé pèse plus de 30 milliards d’euros sur sa fortune personnelle, selon le classement Forbes 2024. Fils du fondateur Jacques Saadé, il a pris les rênes du groupe marseillais après une transition réussie. Mais ce qui attire aujourd’hui l’attention, c’est moins sa réussite industrielle que son emprise croissante sur le paysage médiatique français.

En effet, Saadé est propriétaire de plusieurs médias d’opinion : BFMTV, RMC, La Tribune, La Provence, ainsi que Brut France. Ces prises de participation stratégiques ont suscité des interrogations quant à leur rôle dans la formation de l’opinion publique.

Une fiscalité controversée : seulement 2 % d’impôt sur certaines sociétés

Derrière les honneurs de la République se cache une réalité financière qui interroge. Selon plusieurs enquêtes publiées cette année par Le Monde et Mediapart, des filiales du groupe Saadé bénéficient d’un taux d’imposition exceptionnellement bas, parfois limité à 2 % sur certains revenus. Ce chiffre, bien inférieur au taux moyen de l’impôt sur les sociétés en France (actuellement à 25 %), soulève des questions légitimes sur la transparence fiscale des grandes fortunes.

Si ces pratiques sont légales, elles reposent sur des montages complexes, souvent localisés dans des juridictions étrangères. Une situation qui alimente les critiques sur la justice fiscale et les avantages dont peuvent bénéficier les très grandes entreprises.

Une nomination qui divise : reconnaissance ou opportunisme ?

Pour ses soutiens, cette distinction honorifique s’inscrit dans la continuité des récompenses accordées aux acteurs économiques majeurs. Pour ses détracteurs, elle illustre une proximité inquiétante entre le pouvoir politique et les grandes fortunes capables de façonner l’opinion via leurs supports médiatiques.

La décision a relancé le débat sur les critères d’attribution de la Légion d’honneur, et sur la place réservée aux patrons du secteur privé dans cette institution centenaire.