Macron fracasse le silence : « Nous n’avons pas été assez craints » face à l’impérialisme commercial américain
Un seul mot résonne comme un écho dans les couloirs du pouvoir : crainte. Ce n’est pas une simple déclaration, c’est un diagnostic. Lors du conseil des ministres du 30 juillet, Emmanuel Macron a levé le voile sur une vérité que peu osent dire. L’Europe, selon lui, n’a pas su imposer le respect face aux États-Unis. Et cette absence de crainte, il la déplore. Profondément. Derrière la diplomatie feutrée, c’est une mise en accusation sans concession de la posture européenne dans les négociations internationales.
Une sortie politique aux accents géopolitiques
Après plusieurs jours de silence, Emmanuel Macron a parlé. Pas en conférence de presse, pas dans un discours officiel, mais en cercle restreint, devant ses ministres. Un cadre qui donne plus de poids encore à ses mots. « Pour être libre, il faut être craints. Nous n’avons pas été assez craints », a-t-il asséné. Une phrase qui dépasse le cadre de l’accord commercial. Elle touche au cœur du rôle de la France, de l’Europe, dans un monde en pleine recomposition.
Le chef de l’État n’a pas nié les aspects positifs du compromis avec Washington. Il a salué la visibilité retrouvée, la protection de certains secteurs stratégiques. Mais il a refusé de se contenter de cette demi-victoire. Pour lui, l’enjeu dépasse les droits de douane. Il s’agit de puissance. D’autorité. D’indépendance. Et sur ce terrain, selon Macron, l’Europe a faibli.
Un accord fragile salué par Bruxelles, fustigé par Paris
Le texte, négocié âprement entre la Commission européenne et l’administration Trump, instaure un taux global de 15 % sur les exportations européennes vers les États-Unis, incluant les taxes existantes. En contrepartie, certains secteurs échappent à cette taxation : l’aéronautique, certains produits agricoles, chimiques et matières premières stratégiques. Une avancée, selon la présidente de la Commission européenne, qui permet d’éviter une escalade commerciale.
Macron reconnaît ces gains. Il souligne que la France n’a fait aucune concession sur ses normes sanitaires, environnementales ou réglementaires. Mais il insiste : ce n’est qu’un répit. Un sursis. « Ce n’est pas la fin de l’histoire », a-t-il martelé. La France, dit-il, continuera d’affirmer une position de fermeté et d’exigence. Un message envoyé autant à Washington qu’à Berlin, Rome ou Varsovie.
Une Europe en ordre dispersé
Face à cet accord, les réactions politiques ont fusé. François Bayrou, Premier ministre, a parlé d’un « jour sombre » pour l’Europe, dénonçant une soumission inacceptable. Un constat partagé, en creux, par Friedrich Merz, chancelier allemand, qui a admis ne pas être satisfait du résultat. Mais, a-t-il ajouté, dans le contexte de pression exercée par les États-Unis, « il n’était pas possible d’obtenir davantage ».
Cette divergence révèle une fracture stratégique. D’un côté, une Europe paralysée par ses divisions, contrainte de plier. De l’autre, une France qui tente de jouer les trouble-fête, en refusant de normaliser la défaite. Macron ne veut pas d’un accommodement silencieux. Il veut une Europe qui parle d’une seule voix. Et qui fait peur, si nécessaire.
L’après-accord : une Europe doit-elle se réinventer ?
Le président a été limpide : cette entente n’est qu’une première étape. Le processus de négociation se poursuit. Et la France entendra jouer pleinement son rôle. Ce n’est pas seulement une affaire de tarifs douaniers. C’est une question de souveraineté. De positionnement stratégique. D’alliances.
Macron appelle à une Europe plus unie, plus offensive, capable de défendre ses intérêts sans attendre les ordres de Washington. Sans cela, chaque État sera laminé individuellement. Le message est clair : l’époque de la diplomatie timide est révolue. Il faut désormais imposer le respect. Par la cohérence. Par la force. Par la crainte.