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Chine : Un TGV à 1 000 km/h en préparation, révolution ferroviaire en vue

Shanghai à Hangzhou en seulement 9 minutes. Un trajet aujourd’hui couvert en 45 minutes en TGV, bientôt réduit à moins d’un quart d’heure. Ce n’est pas de la science-fiction. C’est le projet très sérieux d’un train à sustentation magnétique — un maglev hypersonique — que la Chine s’apprête à tester. Un bond technologique tel qu’il rend obsolètes nos comparaisons habituelles : ce train serait plus rapide qu’un avion court-courrier, plus fluide qu’un métro, et bien plus sûr qu’une voiture sur autoroute. Pendant que certains pays débattent de l’hydratation quotidienne, Pékin construit le futur des transports.

Le maglev à 1 000 km/h : comment ça marche ?

Ce n’est pas un TGV amélioré. C’est une rupture technologique. Le train chinois repose sur la technologie maglev (levitation magnétique), déjà utilisée à Shanghai depuis 2004 sur une ligne limitée. Mais cette nouvelle version, développée par l’Académie des sciences de Chine et l’Université de Southwest Jiaotong, vise des vitesses jamais atteintes : jusqu’à 1 000 km/h en conditions réelles.

Le principe ? Le train flotte au-dessus des rails grâce à des champs magnétiques puissants, éliminant toute friction mécanique. Enveloppé dans un tube partiellement en vide — un système dit de low-pressure tube —, il réduit drastiquement la résistance de l’air. Moins de frottements, plus de vitesse. Moins d’énergie perdue, plus d’efficacité.

Les essais ont déjà commencé dans des tunnels expérimentaux à Chengdu. Des prototypes ont atteint plus de 600 km/h en laboratoire. Le saut vers 1 000 km/h reste ambitieux, mais techniquement plausible dans les prochaines années.

Pourquoi la Chine prend-elle une telle avance ?

La Chine ne construit pas simplement un train. Elle construit un empire de mobilité. Avec déjà plus de 40 000 kilomètres de lignes à grande vitesse — le plus vaste réseau du monde —, le pays a fait des infrastructures ferroviaires un pilier stratégique de son développement économique.

Ce nouveau projet s’inscrit dans une vision à long terme : relier les mégapoles chinoises en un temps record. Shanghai-Hangzhou est seulement la première étape. À terme, des liaisons comme Pékin-Shanghai (1 200 km) pourraient être réduites à moins de 30 minutes. Des villes distantes de plusieurs centaines de kilomètres deviendraient des banlieues l’une de l’autre.

Contrairement à d’autres pays où les projets d’infrastructures s’enlisent dans les études d’impact ou les oppositions locales, la Chine bénéficie d’un modèle centralisé qui accélère les décisions. Pas de blocages parlementaires, pas de recours interminables. Une priorité nationale, imposée d’en haut, se traduit vite en chantier.

Un décalage technologique inquiétant ?

Alors que l’Europe peine à unifier ses réseaux ferroviaires, à moderniser ses lignes ou à garantir des horaires fiables, la Chine franchit une nouvelle frontière. En France, le TGV atteint 320 km/h en service commercial. En Allemagne, l’ICE plafonne à 300 km/h. Aux États-Unis, aucun vrai train à grande vitesse n’existe encore sur une grande échelle.

Pendant ce temps, la Chine teste des trains capables de doubler cette vitesse. Ce n’est plus une course à l’armement militaire, mais une course à l’innovation industrielle. Et elle est en train de la gagner.

Certains experts, comme ceux du World Economic Forum, soulignent que cette avance n’est pas seulement technique, mais aussi géopolitique. La Chine exporte déjà ses technologies ferroviaires en Asie, en Afrique, et même en Amérique du Sud. Demain, ce pourrait être le maglev hypersonique qui devienne un standard mondial — conçu, breveté, et imposé par Pékin.

Et l’Europe, où en est-elle ?

L’Union européenne a bien des projets. Le projet Eurostar à 330 km/h, des lignes LGV en cours de développement, ou encore les recherches sur le Hyperloop (encore au stade expérimental). Mais rien de comparable en termes d’ambition, de financement, ou de déploiement à grande échelle.

En France, des voix s’élèvent pour demander une relance du ferroviaire. Des personnalités comme Cécile Duflot ou Yannick Jadot plaident pour un « TGV vert » et une réindustrialisation du rail. Mais les budgets restent limités, les priorités politiques fluctuantes.

Tandis que la Chine construit le futur, l’Europe débat. De la vitesse des trains. Du prix des billets. De la quantité d’eau à boire par jour. Des sujets importants, certes. Mais qui ne font pas avancer les trains.

Quel avenir pour les transports en 2030 ?

Le maglev chinois n’est pas qu’un gadget technologique. Il pourrait redessiner la carte économique, sociale, et urbaine. Imaginez : aller travailler à 500 kilomètres de chez soi, en 20 minutes. Réunions d’affaires entre villes majeures sans passer par l’aéroport. Moins de pollution, moins de congestion aérienne.

Mais il reste des obstacles. Le coût colossal des infrastructures. La sécurité à ces vitesses extrêmes. L’acceptabilité sociale. Et surtout, la question de l’énergie : un tel système consommera des quantités massives d’électricité. Serait-elle verte ? Renouvelable ? C’est tout le défi.

La Chine mise sur l’ingénierie pour résoudre ces problèmes. L’Europe, elle, devra choisir : continuer à ruminer les débats de salon… ou se mettre en mouvement.