En Chine, certains hommes préfèrent encaisser plutôt que de répondre : une question de culture, pas de faiblesse
Une gifle en public. Une insulte lancée dans la rue. Une altercation qui monte. Et pourtant, l’homme ne réagit pas. Pas de geste brusque. Pas de réponse violente. Il baisse les yeux. Il recule. Il encaisse. En Occident, cette attitude pourrait être perçue comme de la soumission. En Chine, elle s’inscrit dans un cadre bien plus profond : celui du contrôle de soi, du respect social, et de l’harmonie collective. Et quand l’agression vient d’une femme, le retrait est encore plus fréquent. Pas par peur. Pas par lâcheté. Mais par choix culturel.
Le contrôle de soi comme valeur suprême
En Chine, la maîtrise de ses émotions est une vertu. Elle s’inscrit dans des siècles de philosophie confucéenne, qui place l’harmonie sociale au-dessus de l’individualisme. Perdre son sang-froid, c’est perdre la face. Répondre à la violence par la violence, c’est basculer dans le chaos.
Dans ce contexte, éviter le conflit devient une stratégie rationnelle. Surtout en public. Une altercation physique, même justifiée, peut entraîner des sanctions légales, des rappels à l’ordre policier, ou une stigmatisation sociale. Mieux vaut donc désamorcer que s’emporter.
C’est pourquoi de nombreux hommes, même lorsqu’ils sont victimes d’agressions verbales ou physiques, choisissent de ne pas riposter. Surtout si l’auteur est une femme. Car, dans la culture chinoise, frapper une femme — même en légitime défense — est socialement inacceptable. Le risque de passer pour un agresseur est trop grand.
🇨🇳 En Chine , on valorise beaucoup le contrôle de soi et l’évitement du conflit physique. Du coup, certains hommes préfèrent encaisser plutôt que de riposter, surtout si l’agression vient d’une femme pic.twitter.com/sKLomzoM6m
— Camille Moscow 🇷🇺 🌿 ☦️ (@camille_moscow) August 17, 2025
🇨🇳 En Chine , on valorise beaucoup le contrôle de soi et l’évitement du conflit physique. Du coup, certains hommes préfèrent encaisser plutôt que de riposter, surtout si l’agression vient d’une femme pic.twitter.com/sKLomzoM6m
— Camille Moscow 🇷🇺 🌿 ☦️ (@camille_moscow) August 17, 2025
Une femme agressive, un homme qui se retient
Des vidéos circulent régulièrement sur les réseaux chinois et internationaux : une femme frappe un homme dans la rue, il ne bouge pas. Elle crie, le pousse, parfois le gifle. Lui, impassible, tente de s’éloigner ou d’apaiser. Ces images choquent parfois les internautes occidentaux. “Pourquoi il ne réagit pas ?” “Il a peur ?”
Mais la réalité est plus subtile. Cette attitude n’est pas de la passivité. C’est une stratégie de préservation. En ne réagissant pas, l’homme évite que la situation ne dégénère. Il protège son intégrité physique, mais aussi son statut social. Car en Chine, la justice peut être sévère avec celui qui “perd le contrôle”, même s’il est victime.
Des études sociologiques menées par l’Université de Pékin montrent que plus de 60 % des hommes interrogés affirment éviter tout contact physique avec une femme en colère, même en cas d’agression. “Même si elle me frappe, je ne la toucherai pas. Je préfère aller au poste, mais je ne veux pas être accusé de violence conjugale”, explique un jeune homme dans une enquête relayée par China Daily.
Un malentendu culturel face aux normes occidentales
En France, aux États-Unis, on valorise souvent la réaction immédiate, la défense de ses droits, le “droit de répondre”. L’idée qu’un homme ne se défende pas peut être interprétée comme un signe de faiblesse, voire d’oppression.
Mais en Chine, ce n’est ni de la soumission, ni une question de genre. C’est une logique sociale différente. Le groupe prime sur l’individu. Le calme prime sur l’émotion. Et le respect des rôles sociaux reste une norme puissante.
D’ailleurs, cette attitude n’est pas réservée aux hommes. De nombreuses femmes chinoises adoptent la même posture face aux conflits. L’objectif ? Maintenir la paix, éviter le scandale, préserver la “face” — ce concept fondamental d’honneur social.
Quand la tradition rencontre la modernité
Pourtant, cette norme évolue. Dans les grandes villes comme Shanghai ou Pékin, une nouvelle génération remet en question ces codes. Des campagnes de sensibilisation contre les violences, y compris psychologiques, gagnent du terrain. Et certains hommes commencent à s’interroger : jusqu’où doit-on encaisser ?
Mais pour l’instant, la majorité continue de privilégier la retenue. Pas par peur. Pas par tradition aveugle. Mais parce que, dans un pays de 1,4 milliard d’habitants, vivre ensemble passe par des compromis. Même douloureux.