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Macron élimine une nouvelle dissolution : Un signal de stabilité ou un pari sur le courage de Bayrou ?

Plus de dissolutions. Plus de surprises. Enfin, pour l’instant.
Emmanuel Macron a tranché : il n’est “pas tenté” par une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale, malgré une situation politique tendue et une majorité fragmentée.
Un message clair, lancé alors que le pays sort à peine des élections législatives de 2024, marquées par l’émergence d’une Assemblée sans majorité nette.
Le chef de l’État mise désormais sur la stabilité.
Et surtout, sur François Bayrou, qu’il qualifie de “mon ami”, “lucide et courageux”, en espérant qu’il tienne jusqu’en 2027.

Un non ferme à la dissolution, malgré la pression

Depuis les législatives de juin 2024, la scène politique française vit au rythme de l’instabilité.
L’absence de majorité absolue, la montée du Rassemblement national, et les blocages répétés sur les réformes ont relancé les spéculations : une nouvelle dissolution était-elle envisageable ?
Une manière de “reprendre la main” avant 2027 ?

Emmanuel Macron a mis fin à ces rumeurs.
Lors d’un entretien informel avec des journalistes, il a affirmé : “Je ne suis pas tenté par une nouvelle dissolution.”
Une phrase simple, mais lourde de sens.
Elle signifie que le président choisit de stabiliser le quinquennat plutôt que de relancer un cycle électoral incertain.

Un tel scrutin, dans le contexte actuel, serait risqué.
Trop tôt pour une recomposition claire.
Trop tard pour garantir une majorité durable.
Le pari de Macron ? Tenir jusqu’à la fin du mandat avec un gouvernement de compromis.

François Bayrou, “l’homme du courage”

Le nom de François Bayrou revient avec force.
Ancien candidat à la présidentielle, fondateur du MoDem, il est aujourd’hui Premier ministre depuis l’été 2024, après des semaines de négociations complexes.
Macron le décrit comme “lucide et courageux” — des mots rares dans le vocabulaire présidentiel.

Ce portrait n’est pas anodin.
Il s’agit de légitimer politiquement un homme qui ne vient ni de la majorité présidentielle d’origine, ni de l’opposition classique.
Un technicien de l’apaisement, chargé de piloter un gouvernement de “salut public” dans un contexte de crise institutionnelle.

“Mon ami”, a ajouté Macron.
Une formule qui renforce la proximité, mais aussi la responsabilité.
Bayrou n’est plus seulement un Premier ministre.
Il est devenu un symbole de continuité.

Le pari de la stabilité face à l’urgence économique

Le président sait que les défis sont ailleurs.
L’inflation, le pouvoir d’achat, la transition énergétique, la réforme des retraites — autant de sujets qui exigent du temps et de la constance.
Or, chaque crise politique coûte cher en crédibilité.

En refusant la dissolution, Macron envoie un signal aux marchés, aux partenaires européens, et aux Français :
“Nous ne céderons pas à la facilité du scrutin express.”
Le message est clair : le temps de la construction a remplacé celui de la confrontation.

Mais ce choix comporte des risques.
Un gouvernement minoritaire peut être paralysé.
Les motions de censure, bien que peu probables, restent une menace.
Et la popularité de Bayrou, bien que positive au départ, pourrait s’user face aux décisions impopulaires.

Et après 2027 ?

Macron n’a pas vocation à se représenter.
Son horizon s’arrête là.
Mais il entend laisser une empreinte : celle d’un président qui aura tenu le cap malgré les tempêtes.
Une fin de mandat sans dissolution, sans crise majeure, serait perçue comme un succès de gestion.

Quant à Bayrou, il incarne désormais une figure rare en politique : un Premier ministre non issu de la majorité présidentielle, mais soutenu par elle.
Un exprimentation institutionnelle, fragile, mais possible.