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Bardella : justice rejette 240 000 € de frais de campagne

Factures gonflées, champagne à Madrid : la justice claque la porte à Bardella

Il prône l’austérité en meeting, mais signe des notes de frais dignes d’un palace. Jordan Bardella vient de se faire rappeler à l’ordre par le tribunal administratif de Paris, qui a rejeté plus de 240 000 € de dépenses liées à sa campagne pour les élections européennes de 2024. Parmi les lignes barrées : chauffeur privé, repas somptueux, chambres d’hôtel inutiles… et même une bouteille de champagne offerte à l’étranger. Une sanction cinglante, d’autant plus embarrassante qu’elle contredit ses propres appels à « faire des économies ».

Des trajets, une sécurité… et des justifications qui ne passent pas

Le tribunal n’a pas mâché ses mots. Les 3 941 € demandés pour un chauffeur privé effectuant des allers-retours entre le domicile de Bardella et le siège de campagne ? Refusés. Trop personnels. Pas de lien direct avec la campagne.

Même verdict pour les 66 544 € de frais de garde du corps lors de ses déplacements médiatiques. Selon les juges, cette protection entre dans le cadre du fonctionnement normal du Rassemblement national — pas dans les dépenses électorales remboursables par l’État.

Tarifs doublés, luxe inutile, logique absente

La justice a aussi pointé du doigt des surfacturations. Les prestations de sécurité du parti ont été facturées à 1 308 € par jour pendant la campagne, contre un tarif habituel de 780 €. Sans justification, 10 980 € ont été rayés des comptes.

Et puis il y a ces trois chambres d’hôtel réservées à Paris, soi-disant pour « préparer sereinement » un débat télévisé et un meeting. Sauf que tout se passait à quelques minutes de chez lui. Le tribunal a jugé cette dépense « superflue » et « déconnectée de toute nécessité électorale ».

Cadeaux, fleurs, dégustations… tout est passé à la trappe

Les 13 045 € de repas et autres « frais de bouche » pour l’équipe ? Rejetés. Aucune preuve qu’ils aient servi à convaincre des électeurs. Les deux gerbes de fleurs déposées à Hayange le 8 mai ? Symboliques, certes, mais sans « finalité électorale ». Refusées.

La bouteille de champagne à 88 € offerte au dirigeant de Vox à Madrid ? Un geste diplomatique, mais pas électoral. Hors sujet. De même pour les 50 kits de dégustation du « Printemps des vins à Blaye » et les 57 entrées au Salon de l’agriculture : aucune corrélation avec la campagne, selon les juges.

Primes excessives, salaires fantômes : la facture explose

Le plus lourd rejet concerne les rémunérations. Bardella réclamait plus de 124 000 € en primes pour 31 collaborateurs. Jugées excessives, elles ont été divisées par deux : seulement 62 035 € sont validés.

Pire : 25 480 € de salaires versés en juillet et août 2024 ont été entièrement annulés. La campagne était finie depuis un mois. Impossible, donc, de les faire passer en frais électoraux.

Un précédent qui pèse lourd

Ce n’est pas la première fois que Bardella voit ses comptes contestés. En mars 2024, le Conseil d’État avait déjà invalidé 55 000 € de dépenses liées à sa campagne de 2019. La justice semble décidée à surveiller de près les comptes du RN.

Et le contraste est saisissant : dans une vidéo publiée sur Instagram, Bardella déclarait récemment : « De l’argent à économiser, il y en a ! » Il appelait à « cibler la mauvaise dépense publique ». La justice, elle, vient de lui montrer un miroir… et ce qu’elle y voit ne plaît pas.

 

Costume impeccable, discours sobre… mais notes de frais explosées. Entre une bouteille de champagne à Madrid, des chambres d’hôtel inutiles et des primes secrètes, le candidat pensait que tout passerait. Il n’avait pas compté sur le juge — ni sur les 240 000 € que la justice vient de lui retirer…