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💥 « Je suis grand-parent, pas nounou ! » : la révolte douce des seniors en 2025

Autrefois perçus comme les piliers invisibles de la famille, les grands-parents osent désormais dire non. Pas par manque d’amour, mais par souci de cohérence : à 60, 70 ou 80 ans, ils veulent vivre leur retraite — pas devenir des baby-sitters à demeande. Ce changement silencieux redéfinit les liens intergénérationnels et bouscule les attentes familiales.

Le mythe de la « mamie gâteau » s’effondre

« Je suis grand-parent, pas nounou ! » : cette phrase, de plus en plus entendue dans les foyers français, résume un tournant culturel. Selon un sondage Ipsos pour Notre Temps, les grands-parents consacrent en moyenne 22 jours par an à la garde des petits-enfants. Mais ce chiffre cache une réalité : beaucoup refusent désormais les gardes répétitives, surtout pendant les vacances scolaires ou en semaine.

« Ils veulent aider, pas remplacer les parents », précise Régine Florin, présidente de l’École des Grands-Parents Européens (EGPE). L’idée n’est pas de se désengager, mais de poser des limites saines — pour préserver à la fois leur énergie et la qualité du lien.

Une génération qui ne se sacrifie plus

Contrairement à leurs aînés, les seniors d’aujourd’hui deviennent grands-parents vers 54 ans, souvent encore actifs, sportifs ou voyageurs. Leur retraite est un projet de vie, pas une extension du rôle parental. « On n’a plus 20 ans ! », rappelle Régine Florin. Et courir après un enfant de 3 ans toute la journée, c’est épuisant — physiquement et mentalement.

Plutôt que de s’épuiser dans des routines contraignantes, ils préfèrent miser sur des moments intenses et joyeux : une balade, une recette cuisinée ensemble, une sieste câline. Ce qu’ils appellent une grand-parentalité choisie — libre, équilibrée, et durable.

Quand dire non devient un acte d’amour

Refuser la garde n’est pas un rejet. C’est au contraire une manière de préserver la relation. « Les câlins, les rires, les “je t’aime”… c’est une vraie source de bien-être », souligne Régine Florin. Des études, comme celle de l’Ifop relayée par l’EGPE, montrent même que les grands-parents engagés dans des relations positives gagneraient jusqu’à cinq années de vie en bonne santé.

Mais cette liberté suppose un dialogue clair avec les parents. Car sans communication, le refus peut être mal perçu — comme de l’égoïsme, alors qu’il relève d’une lucidité salutaire.

Et quand les portes se ferment ?

Tous les grands-parents ne refusent pas par choix. Certains sont écartés. « Un homme de 87 ans nous a appelés, désespéré : il n’avait plus accès à ses petits-enfants à cause d’un conflit avec sa propre fille », raconte Régine Florin. Dans ces cas, l’EGPE propose un accompagnement via sa ligne Allo Grands-parents, pour tenter de rétablir le lien — sans imposer de solution.

Vers une nouvelle ère de la famille

Un enfant né en 2025 pourra côtoyer ses grands-parents pendant 20 à 30 ans. Pour que ces décennies soient riches, il faut que la relation soit volontaire, joyeuse, et réciproque. « Être grand-parent, ce n’est pas un devoir. C’est un bonheur — à condition de le vivre à sa manière », conclut Régine Florin.