Actu

Choc bancaire : le découvert devient un crédit encadré dès 2026

Le découvert bancaire, cette soupape de survie pour des millions de Français, va subir une métamorphose radicale. À compter du 20 novembre 2026, il ne sera plus un simple « à découvert autorisé », mais un véritable crédit à la consommation, soumis à des règles strictes, des vérifications de solvabilité… et une transparence sans précédent.

Fin de la zone grise

Longtemps traité comme un service secondaire, voire informel, le découvert va désormais entrer dans le giron réglementaire. La Banque de France l’a confirmé : chaque autorisation dépassant 200 euros devra être justifiée par une analyse complète de la situation financière du client.

Revenus, dépenses fixes, historique de remboursement… rien ne sera laissé au hasard. Et surtout, les banques devront afficher clairement le coût du découvert, le TAEG, et la durée maximale d’utilisation — exactement comme pour un prêt auto ou un crédit renouvelable.

Plus d’autorisation automatique

Les autorisations de découvert automatiques, souvent accordées sans discussion, disparaîtront progressivement. Désormais, chaque demande devra être formulée explicitement par le client, puis examinée par l’établissement.

Ce changement vise à éviter les situations de surendettement silencieux, où des clients basculent sans le savoir dans des frais exorbitants. Mais il pose aussi une question sociale : que deviendront les ménages modestes, pour qui le découvert est parfois la seule solution face à un imprévu ?

Un risque de fracture financière ?

Avec un quart des salariés percevant moins de 1 750 euros nets par mois, selon l’Observatoire des inégalités, cette réforme pourrait priver une partie de la population d’un outil essentiel de gestion au quotidien.

La Banque de France tient à rassurer : les découverts déjà en cours ne seront pas remis en cause. Seules les nouvelles demandes seront soumises au nouveau cadre. L’objectif n’est pas de punir, mais de sécuriser.

Un pas vers plus de transparence

En transposant la directive européenne sur le crédit à la consommation, la France transforme le découvert en un produit financier clair, comparable et encadré. Moins de facilité, certes — mais aussi moins de pièges.

Pour les consommateurs comme pour les banques, c’est une ère nouvelle qui s’ouvre : celle où même un petit « – » sur un relevé devra être justifié, expliqué… et assumé.

Et concrètement, ça change quoi ? Un exemple chiffré

Aujourd’hui, un client comme Thomas, employé à 1 900 € nets/mois, peut bénéficier d’un découvert de 400 € sans démarche : sa banque l’autorise automatiquement, avec des frais moyens de 15 €/mois (soit un TAEG implicite de 14 à 18 %, rarement affiché clairement). En 2026, pour obtenir ces mêmes 400 €, Thomas devra remplir une demande officielle. La banque analysera ses revenus, ses 1 200 € de charges fixes (loyer, énergie, assurances), et son historique de paiements. Si son reste à vivre tombe sous 600 €, l’autorisation pourra être refusée. En cas d’acceptation, il recevra une fiche standardisée indiquant un TAEG exact de 16,3 %, un coût total de 17,80 € pour un mois d’utilisation, et une durée maximale de 3 mois — au-delà de laquelle des pénalités s’appliqueront. Résultat : plus de clarté, mais aussi moins d’accès immédiat pour les profils jugés « à risque ».