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La misère des aînés : quand la France laisse ses seniors tomber

Chaque nuit, des femmes et des hommes âgés de plus de 70 ans errent près des bennes à ordures, à la recherche de nourriture. Ce n’est pas un documentaire sur un pays en crise. C’est la France, en 2025. Et ce phénomène, loin d’être isolé, révèle une fracture sociale en pleine expansion.

Des retraites qui ne nourrissent plus

En dépit d’un système de protection sociale réputé solide, près de 1,9 million de retraités vivent aujourd’hui sous le seuil de pauvreté, selon l’Insee. Beaucoup perçoivent des pensions inférieures à 900 euros par mois — un montant qui ne couvre même pas le loyer dans la plupart des grandes villes. Alors, pour survivre, ils se tournent vers les invendus, les associations… ou les poubelles.

Ce n’est pas de la mendicité. C’est de la survie.

 

Un filet social percé de toutes parts

L’aide sociale aux personnes âgées existe, mais elle est trop souvent inaccessible. Les démarches administratives découragent, les délais sont longs, et la honte empêche beaucoup de demander. Résultat : des milliers de seniors invisibles, oubliés par les statistiques et absents des débats politiques.

Pourtant, les signaux d’alerte sont là depuis des années. Le Secours catholique, dans son rapport annuel 2024, note une augmentation de 12 % du nombre de personnes âgées accueillies dans ses distributions alimentaires. Même constat chez les Restos du Cœur : les plus de 65 ans représentent désormais près de 18 % des bénéficiaires, contre à peine 10 % il y a cinq ans.

Macron et la promesse brisée de la « retraite digne »

En 2017, Emmanuel Macron promettait une « revalorisation des petites retraites ». Depuis, l’ASPA a été augmentée, certes, mais sans rattraper ni l’inflation, ni le creusement des inégalités. Pire : la réforme des retraites de 2023, en repoussant l’âge légal, a fragilisé davantage les carrières incomplètes — souvent celles des femmes et des travailleurs précaires.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2024, le taux de pauvreté des plus de 65 ans a atteint 9,8 %, soit une légère hausse en deux ans. Dans un pays qui se veut « riche », c’est un échec collectif.

Agir, c’est possible — et urgent

Heureusement, partout en France, des citoyens relèvent le défi. Des frigos solidaires apparaissent dans les quartiers. Des voisins organisent des collectes. Des bénévoles distribuent des paniers repas à vélo. Ces initiatives ne remplaceront pas une politique publique digne de ce nom — mais elles sauvent des vies, ici et maintenant.

Parce qu’un pays se juge à la manière dont il traite ses aînés. Et aujourd’hui, la France a honte à regarder dans le miroir.