Actu

Le Rassemblement national franchit une étape historique à l’Assemblée nationale

Pour la première fois depuis sa création, le Rassemblement national voit l’une de ses propositions adoptée par les députés. Un vote à l’arraché, mais qui marque un basculement dans la légitimité politique du parti d’extrême droite.

La dénonciation des accords franco-algériens adoptée à une voix près

Mercredi, l’Assemblée nationale a validé, par 185 voix contre 184, une résolution du RN visant à dénoncer les accords franco-algériens de 1968. Présentée dans le cadre de la niche parlementaire annuelle du groupe, cette initiative cible un texte bilatéral devenu emblématique des tensions entre Paris et Alger.

Les accords, qui facilitent la circulation et le séjour des ressortissants algériens en France, sont régulièrement critiqués par la droite et l’extrême droite comme des freins à une politique migratoire efficace.

Fin du cordon sanitaire ?

Depuis 1986, aucune proposition du Front national — devenu Rassemblement national — n’avait jamais été adoptée. La règle tacite du « cordon sanitaire » empêchait toute collaboration, même indirecte, avec le parti de Marine Le Pen.

Même lorsque le RN défendait des mesures partagées par la gauche — comme l’abrogation de la réforme des retraites en septembre 2024 — les députés insoumis ou socialistes refusaient de voter, par principe.

Cette fois, l’abstention ou l’absence de certains parlementaires a permis à la résolution de passer. Un signe que les lignes bougent, même si le texte n’a pas force de loi.

Pourquoi ces accords sont-ils si contestés ?

Signés moins de six ans après l’indépendance de l’Algérie, les accords de 1968 instaurent un régime particulier pour les ressortissants algériens : procédures de visa allégées, droit au travail facilité, et difficultés accrues pour les expulsions.

Face à la crise migratoire et aux tensions diplomatiques récentes — notamment autour du refus algérien de réadmettre ses ressortissants en situation irrégulière — ces dispositions apparaissent à beaucoup comme obsolètes.

Une victoire symbolique, mais stratégique

Le politologue Jean-Yves Camus tempère l’enthousiasme : « Ce vote n’a pas de conséquence juridique directe. Il s’agit d’une simple résolution. » Pourtant, il reconnaît son importance politique : « C’est la première fois que le RN impose son agenda au Parlement. »

Le parti, désormais deuxième force de l’Assemblée avec 123 députés, entend bien enchaîner avec d’autres textes, notamment sur le délit de séjour irrégulier — une mesure centrale de son programme du Rassemblement National 2025.

Et après ?

Le gouvernement n’est pas obligé de suivre cette recommandation. Mais le message est clair : les questions liées à l’immigration et aux relations franco-algériennes polarisent de plus en plus, au point de fragiliser les anciennes barrières idéologiques.

Dans la perspective des élections présidentielles 2027, cette victoire offre au RN une tribune médiatique puissante — et une preuve de « sérieux institutionnel » qu’il mettra en avant sans relâche.