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« Ce n’est pas ce qu’a voté l’Assemblée » : Marine Le Pen remet le Premier ministre à sa place sur l’Algérie

Quand le gouvernement oublie que le Parlement est la voix du peuple, il suffit parfois d’une phrase pour rétablir l’ordre républicain. Marine Le Pen l’a prononcée cette semaine, cinglante et précise : « La renégociation de l’accord avec l’Algérie, c’est votre avis personnel. Mais ce n’est pas ce qu’a voté l’Assemblée nationale. » Une remarque qui dépasse le clivage politique pour toucher un nerf vital de notre démocratie : le respect du vote des représentants.

Un dérapage diplomatique… ou institutionnel ?

Le Premier ministre a récemment évoqué la possibilité de renégocier certains aspects de l’accord franco-algérien — notamment sur les questions de visas, de coopération administrative ou de reconnaissance de documents. Sans malveillance, peut-être. Mais sans mandat, certainement.

Car si les déclarations diplomatiques relèvent de l’exécutif, toute modification substantielle d’un accord international, une fois ratifié par le Parlement, exige une nouvelle autorisation législative. Or, l’Assemblée nationale ne l’a pas donnée. Pire : elle s’est exprimée clairement sur le sujet. Agir malgré cela, c’est franchir une ligne jaune constitutionnelle.

Le rappel à l’ordre républicain vient… de l’opposition

Dans un moment rare de clarté institutionnelle, Marine Le Pen a choisi de défendre non pas un parti, mais un principe : celui de la séparation des pouvoirs. « Quand l’exécutif s’autorise à réécrire les décisions du Parlement, ce n’est plus de la gouvernance, c’est du contournement », a-t-elle souligné.

Son intervention n’est pas une posture. Elle est un rappel brutal à l’article 34 de la Constitution, qui réserve au Parlement le droit de ratifier les traités. Ignorer ce cadre, même pour des raisons « stratégiques », revient à affaiblir la légitimité démocratique elle-même.

Pourquoi cet accord ne peut pas être modifié « sur un coup de tête »

L’accord franco-algérien — notamment celui de 1968, régulièrement mis à jour — structure des milliers de vies : migrations familiales, reconnaissance des diplômes, circulation des biens. Le modifier unilatéralement, sans débat parlementaire, ce n’est pas seulement risqué sur le plan juridique. C’est dangereux sur le plan démocratique.

Car derrière chaque décision diplomatique, il y a des citoyens. Et derrière chaque citoyen, il y a un député élu censé peser sur ces choix. Court-circuiter cette chaîne, c’est priver la nation de sa voix collective.

La démocratie ne se négocie pas — même avec Alger

 

Peu importe les tensions avec l’Algérie, peu importe les pressions migratoires ou les frustrations diplomatiques : en France, la politique étrangère ne se décide pas dans le bureau du Premier ministre en catimini. Elle se construit dans l’hémicycle, sous le regard du peuple, avec ses élus.

Quand le gouvernement agit comme s’il détenait seul la vérité de l’intérêt national, il oublie une chose essentielle : la République n’est pas une monarchie. Elle repose sur le respect scrupuleux des institutions — et du vote de ceux qui les incarnent.

Un message qui dépasse les clivages

Curieusement, c’est une figure souvent accusée de vouloir « casser les institutions » qui vient aujourd’hui en être la gardienne la plus vigilante. Mais peu importe l’origine du message : son fond est juste. Le Premier ministre doit écouter. Parce que la France ne se gouverne pas à l’instinct. Elle se gouverne par les lois — et par ceux qui les votent.