« Soit elles remboursent, soit l’État entre au capital » : la bombe économique d’Olivier Faure
Et si demain, l’État devenait actionnaire de votre boulangerie, de votre start-up ou de votre PME ? Ce scénario n’est pas tiré d’un roman dystopique. Il vient d’être proposé en plein direct par Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, lors d’un entretien sur BFM. Sa solution face aux subventions jugées « inefficaces » ? Les remplacer par des avances remboursables — avec une clause radicale : en cas de défaut, l’État prend une part du capital. Une idée qui fait l’effet d’un électrochoc dans le débat économique.
Une réforme choc pour sauver l’argent public
Face à la multiplication des aides d’urgence — pandémie, crise énergétique, inflation —, de plus en plus de voix s’élèvent pour demander plus de transparence et de responsabilité. Olivier Faure entre dans cette brèche avec une proposition sans fard : « Je souhaite des avances remboursables aux entreprises à la place des subventions. Soit elles remboursent, soit l’État devient actionnaire de l’entreprise. »
L’objectif est clair : transformer l’aide publique en véritable investissement. Plutôt que de distribuer des milliards sans garantie de retour, l’État récupère son dû… ou acquiert un levier stratégique sur l’entreprise. Une logique qui séduit les défenseurs d’une économie plus contrôlée — mais qui inquiète les entrepreneurs.
Quand l’État devient patron
Sur le papier, le mécanisme ressemble à celui d’un prêt convertible, courant dans le monde du capital-risque. Mais appliqué à l’ensemble de l’économie, il change la donne. Une TPE en difficulté, incapable de rembourser une avance de 50 000 €, pourrait se retrouver avec l’administration fiscale comme co-décideur.
Pour certains, c’est une garantie contre les abus : fini les entreprises qui touchent des aides publiques puis licencient ou délocalisent. Pour d’autres, c’est une menace pour l’indépendance entrepreneuriale — et un retour en arrière vers une économie administrée, où l’initiative privée dépend de la bienveillance de l’État.
Des outils existants, mais jamais généralisés
Il serait faux de dire que cette idée sort de nulle part. Bpifrance, par exemple, investit déjà dans des milliers d’entreprises via des prises de participation minoritaires, des prêts participatifs ou des fonds de garantie. Le plan « France Relance » a aussi expérimenté des dispositifs hybrides, alliant subvention et dette.
Mais ces instruments restent ciblés, volontaires et réservés à des projets innovants ou stratégiques. Les imposer systématiquement à toutes les aides publiques — y compris celles destinées aux artisans, commerçants ou agriculteurs — relèverait d’une révolution administrative… et politique.
Une gauche en quête de repères économiques
Derrière cette proposition se cache aussi un malaise plus large au sein de la gauche française. Tiraillée entre libéralisme social et interventionnisme d’État, elle cherche un troisième chemin. Olivier Faure tente ici de le tracer : ni assistanat, ni laissez-faire — mais un État stratège, actionnaire vigilant, garant des intérêts collectifs.
Pourtant, le flou demeure. Qui déciderait du montant des avances ? Sur quels critères l’État entrerait-il au capital ? Et comment gérerait-on des milliers de participations publiques dans des entreprises de taille modeste ? Autant de questions sans réponse — pour l’instant.
Un débat nécessaire, mais risqué
Qu’on l’adore ou qu’on la déteste, la proposition d’Olivier Faure a le mérite de relancer un débat crucial : comment mieux utiliser l’argent public dans une économie en mutation ? Alors que les ressources se raréfient et que les citoyens exigent plus de justice, la simple logique de subvention devient difficile à défendre.
Mais remplacer la solidarité par une logique purement contractuelle, c’est risquer de punir les plus fragiles. Entre ces deux écueils, la France doit trouver un équilibre. Et cette fois, c’est la gauche qui lance le défi.
