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Retraités américains en France : la Sécu gratuite bientôt payante ?

Ils quittent la Floride pour la Côte d’Azur, Los Angeles pour le Lot. Chaque année, des centaines de retraités américains choisissent la France — non seulement pour ses paysages et sa gastronomie, mais surtout pour un trésor invisible : un accès gratuit à un système de santé performant. Mais cette manne suscite de plus en plus de tensions. Et si ce privilège prenait fin ?

Pourquoi la France attire les seniors américains

Le contraste est frappant. Aux États-Unis, une assurance santé à la retraite peut coûter plus de 500 dollars par mois — sans garantie de remboursement complet. En France, après trois mois de résidence stable, ces mêmes retraités bénéficient pleinement de la Protection universelle maladie (PUMA), sans avoir cotisé un seul euro.

Comme le raconte Carole, installée près de Montpellier : « Je serais morte aujourd’hui si je n’avais pas déménagé en France. » Geoff et Pennie, à Nice, parlent d’un « sentiment d’avoir plus de droits ici qu’aux États-Unis ». Debra et Eric, dans le Lot, confirment : « On serait complètement ruinés si on était restés là-bas. »

Un système légal, mais jugé injuste

Rien d’illégal dans tout cela. La loi française permet à tout résident étranger — même sans activité professionnelle — d’accéder à la PUMA après 90 jours sur le territoire, à condition de prouver une résidence stable. Le formulaire Cerfa suffit. Aucune cotisation, aucun impôt sur le revenu en France requis.

Et grâce à la convention fiscale franco-américaine, ces retraités continuent même à être imposés à l’impôt américain sur leurs comptes d’épargne-retraite, évitant ainsi les tranches marginales françaises souvent plus lourdes.

L’amendement choc de François Gernigon

Ce statu quo agace. Le député Horizons François Gernigon a donc déposé un amendement dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025. Objectif : instaurer une cotisation minimale obligatoire pour les ressortissants extracommunautaires titulaires d’un visa « visiteur ».

« Ces personnes ne cotisent pas, ne paient pas d’impôt en France, et pourtant elles puisent dans notre système de santé entièrement financé par les Français », dénonce-t-il. Il vise particulièrement les agences d’expatriation qui promeuvent la France comme une « planque santé » à bas coût.

Entre solidarité universelle et équité contributive

Derrière ce débat point une question de fond : le droit à la santé doit-il être conditionné à une contribution financière ? La France a toujours défendu une vision universelle. Mais dans un contexte de déficit chronique de la Sécurité sociale et de déserts médicaux croissants, la pression monte pour rééquilibrer les règles du jeu.

Pour l’heure, l’amendement n’est pas adopté. Mais il ouvre une brèche : celle d’un modèle social à deux vitesses, où l’accès aux soins dépendrait, en partie, de votre pays d’origine… et de votre compte en banque.