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Patrick Sébastien vs Alain Souchon : le clash qui a dévoilé la vraie fracture de la France

Un mot. Deux voix. Une nation qui retient son souffle. Alain Souchon a dit que les Français “ne sont pas assez cons” pour élire le Rassemblement national. Patrick Sébastien lui a répondu : “Ce mépris-là, c’est ce mépris-là qui a fabriqué le RN.” Ce n’était pas un échange entre deux artistes. C’était un miroir. Et dans ce miroir, la France s’est reconnue — ou s’est rejetée.

Le moment où la chanson a cessé de parler, et où la politique a commencé à crier

Vendredi 14 novembre, sur RTL, Alain Souchon a prononcé une phrase destinée à apaiser : “Je ne crois pas que les Français soient assez cons pour élire quelqu’un du Front national.” Il croyait défendre la démocratie. Il a alimenté la colère. Parce que dans les banlieues, les campagnes, les petites villes, cette phrase n’a pas été entendue comme une protection. Elle a été perçue comme un rejet. Un rejet de leur intelligence. De leur choix. De leur existence.

 

Le Rassemblement national n’a pas attendu. Sébastien Chenu, son vice-président, a parlé de “mépris déconnecté”. Ce n’était pas une réaction politique. C’était la voix d’une France qui se sentait depuis longtemps invisible. Et soudain, elle avait un nom. Un visage. Celui d’un chanteur culte qui, sans le vouloir, a incarné tout ce qu’elle déteste : l’élite qui pense savoir ce qui est mieux pour elle.

La réponse qui a tout changé

Quatre jours plus tard, Patrick Sébastien, sur RMC, a pris la parole sans ambages. “J’adore Souchon, mais il a dit une bêtise.” Puis il a posé la question que personne n’osait poser : “Ce mépris-là, c’est ce mépris-là qui a fabriqué le Rassemblement national.”

Il n’a pas attaqué Souchon. Il a révélé un mécanisme. Un cercle vicieux. Plus les élites déclarent que les électeurs du RN sont “des ignorants”, plus ces électeurs se sentent obligés de voter pour prouver qu’ils sont capables. Et plus ils votent, plus le RN grandit. Ce n’est pas de la manipulation. C’est de la psychologie collective. Et Sébastien l’a nommée.

Le piège de la supériorité culturelle

Les données de l’Ifop ne mentent pas : 58 % des électeurs du RN estiment que les médias et les intellectuels les “méprisent ou les ignorent”. Ce n’est pas une minorité. C’est une majorité silencieuse. Et quand un artiste qui a chanté “J’aurais voulu être un artiste” pour des millions de Français dit qu’ils ne sont “pas assez cons”, il ne les convainc pas. Il les exclut.

Le vrai combat n’est pas contre le RN. Il est contre le silence.

Le danger n’est pas dans la montée du RN. Il est dans la désertion des élites. Quand les débats se réduisent à des déclarations de principe, quand les médias préfèrent parler de “l’extrême droite” comme d’un phénomène étranger, on oublie une chose : ces électeurs sont nos voisins. Nos collègues. Nos parents. Ceux qui paient les mêmes impôts, qui attendent les mêmes bus, qui se demandent comment payer leur facture de gaz.

La France qui ne veut plus être racontée

Le 2027 n’est pas une date lointaine. C’est une échéance qui avance à pas de géant. Et les Français ne veulent plus de discours. Ils veulent des faits.

C’est pourquoi les recherches sur le salaire d’un député en 2025 ont explosé. Pas pour savoir combien ils gagnent. Mais pour comprendre : pourquoi eux ? Pourquoi pas nous ? Pourquoi leurs privilèges semblent-ils intouchables, alors que les nôtres s’effondrent ?

La fracture n’est pas idéologique. Elle est économique.

Le RN ne gagne pas parce que ses idées sont plus séduisantes. Il gagne parce que les autres ont cessé de parler aux gens. Ils parlent *de* eux. Et dans un monde où chaque mot est immédiatement partagé, ce décalage devient une rupture.

La leçon de Sébastien

Patrick Sébastien n’est pas un stratège politique. Il est un homme de terrain. Celui qui a grandi dans les fêtes de village, qui connaît les mots des gens. Et c’est peut-être pour cela qu’il a compris ce que Souchon, malgré sa sensibilité, n’a pas vu : on ne combat pas la colère par le mépris. On la combat par la reconnaissance.

Deux artistes, une même vérité

Souchon et Sébastien ne sont pas ennemis. Ils sont deux facettes de la France. L’un, le poète qui chante les rêves perdus. L’autre, le showman qui sait que les rêves, aussi petits soient-ils, méritent d’être entendus.

Leur clash n’est pas une polémique. C’est un signal. Un avertissement. Quand un artiste célèbre parle *à propos* des Français, il perd leur confiance. Quand un autre parle *avec* eux, il les ramène à la démocratie.

La vraie question n’est plus : qui a raison ?

La vraie question est : qui veut encore les entendre ?