Emmanuel Macron accuse les consommateurs des centres-villes de financer le narcotrafic. Une déclaration rare qui révèle la vérité cachée derrière les ventes en ligne et les soirées anonymes.
Un président qui pointe du doigt les consommateurs silencieux. Une ville en émoi après un meurtre ciblé. Et un système qui, selon les forces de l’ordre, s’effondre parce que personne n’ose regarder en face.
Une déclaration sans équivoque
Le 19 novembre 2025, lors du Conseil des ministres, Emmanuel Macron a prononcé une phrase qui a fait réagir bien plus qu’un simple discours politique : « C’est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants. »
La porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, a confirmé les propos. Pas de détour. Pas d’euphémisme. Une mise en cause directe : la demande, ici et maintenant, alimente la violence ailleurs.
DROGUE : En Conseil des ministres ce matin, Emmanuel Macron estime que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafics" (porte-parole du gouvernement).pic.twitter.com/wh7m6HK52i
— Infos Françaises (@InfosFrancaises) November 19, 2025
« On ne peut pas déplorer d’un côté les morts et de l’autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail », a-t-elle ajouté. Une phrase qui ne cherche pas à choquer. Elle cherche à réveiller.
Qui est concerné ?
Il ne s’agit pas d’accuser une classe sociale. Mais d’identifier un mécanisme.
- Des appartements dans les quartiers branchés de Paris, Lyon ou Marseille.
- Des commandes passées via des applications.
- Des livraisons rapides, discrètes, payées en ligne.
- Des consommateurs qui ne voient pas le lien entre leur soirée et un jeune de 20 ans abattu à Marseille.
Le narcotrafic ne vit pas seulement dans les banlieues. Il vit aussi dans les sacs en papier des boutiques bio, dans les soirées entre amis, dans les messages cryptés qui arrivent à 23h.
Le point de bascule : le meurtre de Medhi Kessaci
Le 13 novembre, à Marseille, Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné à proximité d’une salle de concert. Deux hommes à moto. Une balle dans la tête. Un message clair : « Tais-toi, ou tu meurs. »
Medhi n’était pas un dealer. Il était engagé dans une association anti-narcotrafic. Il collectait des témoignages. Il dénonçait les réseaux dans son quartier. Il a été tué pour avoir parlé.
L’Association nationale de la police judiciaire (ANPJ) qualifie cet acte de « point de bascule ». Un assassinat d’intimidation. Un avertissement aux citoyens qui osent regarder la réalité en face.
Une violence qui s’organise
Les réseaux ne sont plus seulement locaux. Ils sont connectés. Internationaux. Financés par des revenus provenant des centres-villes.
Le trafic de cocaïne, de cannabis, de fentanyl — ces substances qui tuent chaque jour — dépendent d’une chaîne complexe : producteurs en Amérique du Sud, transit en Afrique du Nord, distribution en Europe, consommation en France.
Et le financement ? Il vient des poches de ceux qui pensent que « c’est juste de la drogue ».
Le constat des forces de l’ordre
La police judiciaire réclame désormais une réforme structurelle. Pas des mesures symboliques. Pas des campagnes de communication.
Elle demande la création d’une direction générale de la police judiciaire, forte, centralisée, comme la DGSI. Pourquoi ? Parce que les réseaux sont eux-mêmes structurés. Et que les moyens actuels ne suivent pas.
Les enquêtes sont fragmentées. Les données ne circulent pas. Les procureurs ne parlent pas aux policiers. Les ministères agissent en silo.
La réponse ? Une approche interministérielle, du très local à l’international. C’est ce que Macron a exigé. Mais la mise en œuvre reste incertaine.
Un problème de société, pas seulement de sécurité
Le narcotrafic n’est pas un problème de quartier. C’est un problème de mode de vie.
Quand 47 % des jeunes Français âgés de 18 à 25 ans déclarent avoir déjà consommé de la cocaïne (INPES, 2024), quand les ventes en ligne augmentent de 32 % en un an, quand les livraisons sont garanties en moins de 30 minutes… alors la demande devient un moteur économique.
Et quand cette demande est anonyme, confortable, sans culpabilité… elle devient impérieuse.
Le prix d’un silence
Medhi Kessaci n’était pas un héros. Il était un jeune homme qui refusait de fermer les yeux.
Emmanuel Macron n’a pas voulu faire un discours de colère. Il a voulu déclencher une prise de conscience.
Parce que derrière chaque kilo de cocaïne saisie, il y a un enfant qui a perdu un frère.
Parce que derrière chaque transaction en ligne, il y a une famille qui attend un retour.
Et parce que le vrai combat ne se joue pas seulement dans les rues. Il se joue aussi dans les salons, les soirées, les clics de la souris.
Le narcotrafic ne meurt pas quand on arrête un dealer.
Il meurt quand on arrête de consommer.
Et quand on ose dire la vérité — même quand elle dérange.
