La vérité qui dérange : quand l’armée réveille la France à sa propre force
En pleine crise géopolitique, une phrase a fait trembler les halls du pouvoir : « Un pays qui ne comprend pas ça est un pays faible. » Prononcée par le général Fabien Mandon devant les maires de France, elle n’était pas destinée à choquer — mais à réveiller. Ce jeudi 20 novembre, le colonel Guillaume Vernet, porte-parole du chef d’état-major des armées, est venu la défendre avec une clarté sans équivoque. Pas de déni. Pas d’excuse. Seulement une réalité trop souvent ignorée : la paix n’est pas un état naturel. Elle est un choix, payé par des vies, des ressources, et une volonté collective.
Une intervention à la demande des maires
Le général Fabien Mandon n’a pas parlé en dehors de son cadre. Il a répondu à une invitation du Congrès des maires, invité à partager sa vision d’un pays confronté à une menace stratégique sans précédent. Son propos, loin d’être novateur, reprend une ligne déjà tracée par son prédécesseur, Thierry Burkhard, qui avait mis en garde contre la « menace durable » de la Russie. Cette fois, c’est l’acceptation de la perte qui a fait polémique. « Perdre nos enfants » — une formule brutale, mais intentionnelle. Elle ne parle pas de morts en chiffres. Elle parle de sacrifice.
« Les armées sont les enfants de la Nation »
Pour le colonel Vernet, la métaphore n’est pas une erreur de langage. C’est un rappel fondamental. Les soldats, les officiers, les réservistes — ce ne sont pas des outils. Ce sont les enfants de la Nation. Élevés par l’école, formés par l’État, soutenus par les familles. Leur engagement n’est pas un métier comme un autre. C’est une promesse faite à la République. Et cette promesse exige une responsabilité partagée. « Leur force, leur efficacité, leur résilience », souligne-t-il, « ne valent rien sans la force d’âme de la société qui les porte. »
La force d’âme : le socle invisible de la souveraineté
La France possède des atouts incontestables : une industrie de défense de pointe, une capacité d’innovation reconnue, des forces armées aguerries. Mais sans cette « force d’âme » — cette détermination collective à défendre ses valeurs, même au prix du sang — ces atouts deviennent vulnérables. Le colonel Vernet insiste : un pays qui refuse de regarder la guerre en face, qui se refuse à envisager le coût de sa sécurité, n’est pas un pays fort. Il est un pays en sommeil.
Une réaction politique unanime — et inquiétante
Les critiques ont fusé de tous les bords. Jean-Luc Mélenchon a parlé de « dérapage ». Gabriel Attal a jugé les propos « inappropriés ». Ségolène Royal, François Ruffin, Fabien Roussel — tous ont dénoncé un dépassement de rôle. Certains ont même exigé des éclaircissements du président de la République : avait-il été informé ? Avait-il validé ? Cette réaction unanime révèle un mal plus profond : une société qui a oublié comment parler de la guerre. Elle préfère les slogans rassurants aux vérités difficiles. Elle confond le patriotisme avec la nostalgie. Et elle ignore que la souveraineté ne se décrète pas. Elle se construit, jour après jour, dans la lucidité.
Le prix de la sécurité : un débat oublié depuis trop longtemps
En 2025, la France consacre 2,3 % de son PIB à la défense — un chiffre en hausse, mais encore insuffisant face aux ambitions russes, chinoises et aux menaces hybrides. Le budget des armées ne suffit pas à lui seul. Il faut aussi un pacte moral. Un contrat tacite entre la Nation et ses soldats : vous protégez notre liberté. Nous vous soutenons, nous vous comprenons, nous ne vous abandonnons pas. Ce pacte, il est en train de se briser — non pas par la faute des militaires, mais par le silence des citoyens.
Le message qui ne devrait pas être controversé
Le général Mandon n’a jamais appelé à la guerre. Il n’a jamais glorifié la mort. Il a simplement rappelé une vérité historique : les démocraties ne survivent pas en fermant les yeux. La Russie a envahi l’Ukraine. La Chine renforce ses capacités en mer de Chine. Les réseaux d’influence attaquent nos institutions. Et pourtant, nous continuons à débattre de la forme des discours, plutôt que du fond des menaces. Ce n’est pas un général qui a perdu le sens des mots. C’est peut-être nous qui avons perdu le courage de les entendre.
Le prix de la paix n’est pas zéro. Il est payé en courage. En sacrifice. En lucidité. Et en volonté.
