Un médicament pris par 16 millions de Français pourrait faire flamber le risque de cancer gastrique
Il soulage des millions de personnes chaque jour, mais ce remède courant pourrait cacher un danger insidieux. Une étude récente pointe du doigt un lien troublant entre un médicament largement prescrit en France et une hausse significative du risque de tumeurs gastriques, surtout chez les moins de 65 ans. Faut-il s’alarmer ? Pas forcément — mais il est temps de mieux comprendre ce que l’on avale.
Quel médicament est concerné ?
Les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) sont au cœur des inquiétudes. Utilisés contre les brûlures d’estomac, le reflux gastro-œsophagien ou les ulcères, ces traitements — comme l’oméprazole (Mopral®), l’ésomeprazole (Inexium®), le lansoprazole ou le pantoprazole — visent à réduire la production d’acide gastrique. En France, près de 16 millions de personnes y ont recours, selon les données de la Haute Autorité de santé.
Des résultats inquiétants présentés à Berlin
En octobre 2025, lors du Congrès européen de gastro-entérologie à Berlin, une vaste étude nordique a fait sensation. Menée sur 24 ans dans cinq pays (Danemark, Finlande, Islande, Norvège, Suède), elle a comparé les dossiers médicaux de 1 790 patients atteints de néoplasies neuroendocrines gastriques (NEN) à ceux de 17 000 témoins en bonne santé.
Après ajustement pour des facteurs comme l’infection à Helicobacter pylori ou la gastrite atrophique, les chercheurs ont constaté que les utilisateurs d’IPP présentaient un risque accru de 83 % de développer ces tumeurs rares — et ce risque est particulièrement marqué avant 65 ans.
Pourquoi ce lien préoccupant ?
Le mécanisme est subtil. En bloquant l’acidité gastrique, les IPP provoquent une surproduction de gastrine, une hormone qui stimule les cellules de l’estomac. À long terme, cette surstimulation pourrait favoriser l’apparition de lésions précancéreuses ou de tumeurs neuroendocrines — lentes à évoluer, mais non sans conséquences.
Faut-il arrêter son IPP immédiatement ?
Non, selon le Dr Eivind Ness-Jensen, chercheur à l’université norvégienne de science et technologie et principal auteur de l’étude. Il rappelle que l’incidence absolue des NEN gastriques reste extrêmement faible. « Le risque absolu de développer de telles tumeurs reste faible, même chez les consommateurs d’IPP », insiste-t-il.
Autrement dit : si votre traitement est justifié médicalement, il ne faut pas l’interrompre brutalement. Mais il est crucial d’éviter l’automédication, de limiter la durée d’usage et de revoir régulièrement la prescription avec un professionnel de santé.
