Voile aux mineures : Le gouvernement freine une interdiction jugée « stigmatisante »
Alors que la polémique enfle autour d’une nouvelle proposition de loi visant à interdire le port du voile islamique aux mineures dans l’espace public, le gouvernement affiche une prudence marquée. Le ministre de l’intérieur, Laurent Nuñez, a rejeté l’idée dimanche, la qualifiant de « très stigmatisante ». Un positionnement qui oppose frontalement l’exécutif à une frange croissante de la classe politique, menée par Laurent Wauquiez et Aurore Bergé.
Laurent Wauquiez dépose une proposition de loi explosive
Lundi 1er décembre 2025, le président du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale a officiellement déposé un texte législatif interdisant le voile aux mineures dans tous les espaces publics. Cette initiative s’inscrit dans le prolongement d’un rapport sénatorial sur l’entrisme islamiste, commandité par Bruno Retailleau au printemps et qui préconisait également d’interdire le jeûne du Ramadan aux moins de 16 ans.
Pourtant, cette idée n’est pas nouvelle. En mai 2025, Gabriel Attal, alors chef de file des députés macronistes, avait déjà évoqué une restriction similaire, mais limitée aux moins de 15 ans — sans jamais formaliser de proposition de loi.
Laurent Nuñez met en garde contre les dérives liberticides
Interrogé sur BFM-TV, Laurent Nuñez a tranché : il n’est « pas favorable » à une telle interdiction. Selon lui, elle risque de blesser profondément les citoyens musulmans et de nourrir un sentiment d’exclusion. « On se rapproche pas mal du délit d’opinion », a-t-il souligné, appelant à une extrême vigilance dans la formulation des mesures anti-islamistes.
Ciblez les réseaux, pas les adolescentes
Pour le ministre de l’intérieur, l’ennemi n’est pas la jeune fille voilée, mais les structures islamistes qui « imposent un discours visant à supplanter la loi de la République par la loi religieuse ». Il insiste : « Il faut plutôt s’attaquer à ces individus qui poussent des enfants à refuser l’école sous prétexte de religion. »
Aurore Bergé défend une interdiction « au nom de la protection de l’enfance »
En totale contradiction, la ministre déléguée à l’égalité entre les femmes et les hommes, Aurore Bergé, affirme soutenir fermement l’interdiction. Invitée de CNews-Europe 1, elle invoque la nécessité de protéger les enfants contre les pressions communautaires. « Ça fait des années que je le propose », a-t-elle insisté, assurant qu’« il y a maintenant une majorité au Parlement pour voter une telle loi ».
Le flou juridique persiste
Des juristes spécialisés en droit public alertent : une telle mesure dans l’espace public pourrait violer la Constitution française, notamment le principe de liberté de culte. À ce jour, aucune interdiction générale du voile n’existe en dehors des établissements scolaires et de certains services publics.
Le débat, loin d’être clos, cristallise les tensions entre laïcité offensive, libertés individuelles et sécurité républicaine — un triangle politique explosif à l’approche d’échéances électorales sensibles.
