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Justice retournée : une propriétaire condamnée à indemniser son propre squatteur pour « absence de chauffage »

Elle a perdu son logement, son sommeil… et désormais, une partie de ses économies. Karine Lellouche, victime d’un squattage dans sa propre maison, vient de se voir imposer le paiement de 600 € de dommages et intérêts à l’homme qui s’était introduit chez elle illégalement. La raison ? Il aurait eu froid. Ce jugement, perçu comme une véritable inversion des rôles, soulève une vague d’indignation sur les réseaux sociaux et relance le débat sur l’impuissance du droit face aux squatteurs en France.

Une victime punie, un squatteur indemnisé

Karine Lellouche raconte une situation kafkaïenne. Après avoir découvert un individu installé dans sa propriété sans son consentement, elle tente de le faire expulser. Mais ce n’est pas elle qui obtient réparation : c’est le squatteur. « J’ai 600 € à donner à ce monsieur en dommages et intérêts, alors qu’il s’est introduit illégalement chez moi », témoigne-t-elle, incrédule.

Pire encore : elle affirme s’être vu refuser l’accès à la résidence qu’elle possède légalement. « On m’a même dit : vous n’avez pas le droit de rentrer chez lui », précise-t-elle, dénonçant une logique judiciaire renversée qui transforme la victime en coupable.

 

Des sanctions judiciaires qui interpellent

Au-delà de l’indemnisation financière, Karine Lellouche a également été condamnée à un an de prison avec sursis — une peine initialement fixée à trois ans. Une sanction qui contraste fortement avec le traitement réservé à son squatteur, jamais inquiété pénalement pour violation de domicile. Selon elle, cette situation illustre un système judiciaire déconnecté de la réalité des propriétaires confrontés à l’occupation illégale de leur bien.

Pourtant, la loi française punit sévèrement le squat. Depuis la loi du 23 mars 2019, le délit d’occupation sans droit ni titre peut entraîner jusqu’à un an d’emprisonnement et 15 000 € d’amende. Mais dans la pratique, les délais d’expulsion restent longs, et les tribunaux hésitent parfois à appliquer ces dispositions lorsque des arguments humanitaires — comme le froid ou la précarité — sont invoqués.

Pourquoi cette affaire fait débat aujourd’hui

Cette affaire résonne particulièrement en 2025, à un moment où les cas de squat intensif augmentent dans plusieurs régions françaises, notamment en Île-de-France et dans le sud. Face à la crise du logement, certaines associations mettent en avant les conditions de vie précaires des occupants, tandis que les propriétaires dénoncent une judiciarisation biaisée qui les pénalise.

Le témoignage de Karine Lellouche, relayé par le média Tocsin, cristallise un malaise profond : comment en est-on arrivé à ce qu’un propriétaire doive indemniser celui qui lui a volé son toit ? Et surtout, quel signal envoie la justice aux milliers de Français qui craignent désormais de laisser leur résidence secondaire inoccupée ?

Des solutions juridiques, mais des failles persistantes

Il existe pourtant des outils légaux pour agir rapidement. La procédure d’expulsion accélérée, possible si l’occupation est récente (moins de 48 heures), suppose une intervention immédiate des forces de l’ordre. Mais en l’absence de signalement rapide, ou si le bien n’est pas considéré comme « résidence principale », le propriétaire se retrouve dans un engrenage judiciaire coûteux et chronophage.

Des députés, à l’instar de Julien Rancoule (RN) ou de Nadia Ramassamy (LR), militent depuis des mois pour durcir les peines et simplifier les expulsions. Le gouvernement a annoncé en novembre 2024 un plan de « lutte contre les occupations illicites », mais son efficacité reste à prouver sur le terrain.