Actu

« Une initiative formidable » ? Ce que Gilles Verdez a vraiment dit sur Noël à Nantes

Dans un extrait viral diffusé fin novembre 2025, Gilles Verdez lance, avec un sourire en coin : « La suppression du mot “Noël” à Nantes ? Une initiative formidable. » Aussitôt, les réseaux sociaux s’embrasent. Pour ses détracteurs, c’est la preuve d’un déni des racines culturelles françaises. Pour ses partisans, une simple critique de l’hypocrisie festive. Pourtant, derrière cette phrase polémique, se cache une réalité bien plus nuancée — et surtout, une erreur d’interprétation massive.

Nantes n’a jamais interdit le mot « Noël »

 

Contre toute attente, la ville de Nantes n’a pris aucune mesure visant à bannir le mot « Noël » de l’espace public. Aucun arrêté municipal, aucune directive officielle ne le mentionne. Ce que la mairie a adopté, c’est une charte inclusive dans les établissements scolaires et certains événements interreligieux, où les termes « fêtes de fin d’année » ou « temps de célébration hivernale » sont privilégiés — non par idéologie, mais par souci de neutralité républicaine.

Les marchés de Noël de Nantes, leurs sapins géants, leurs crèches associatives et leurs illuminations portent toujours le nom de « Noël ». Le site officiel de la ville l’utilise sans restriction. Il n’y a donc pas de « suppression », mais une adaptation contextuelle — une distinction cruciale que les débats en ligne ont effacée.

Pourquoi la déclaration de Gilles Verdez fait-elle autant de bruit ?

Gilles Verdez, chroniqueur dans Touche pas à mon poste, est un habitué des formulations provocatrices. Son propos, probablement teinté d’ironie satirique, visait à moquer ceux qui voient dans chaque initiative inclusive une « guerre contre Noël ». Mais détachée de son contexte, sa phrase a été instrumentalisée — tant par les partisans d’une laïcité stricte que par les défenseurs d’un « Noël chrétien traditionnel ».

Le piège est classique : transformer une question de formulation administrative en affrontement identitaire. Dans ce jeu de miroirs déformants, le public oublie l’essentiel : la France est un pays où la liberté de célébrer Noël coexiste avec le devoir de neutralité de la puissance publique.

Laïcité ou tradition ? Il n’y a pas à choisir

Le Conseil d’État a maintes fois rappelé que la laïcité n’impose pas l’effacement des références culturelles, tant qu’elles ne relèvent pas d’un prosélytisme religieux dans les services publics. Ainsi, un sapin dans une mairie n’est pas illégal — il est perçu comme un symbole festif, pas confessionnel.

En revanche, dans une école accueillant des enfants juifs, musulmans, athées ou bouddhistes, parler de « Noël » dans un courrier officiel peut poser problème. D’où l’usage, dans ces cas précis, de formulations neutres. Cela ne signifie pas que Noël est « banni » — seulement qu’il est relégué à la sphère privée, comme le veut la tradition républicaine.

Et si on arrêtait de se mentir sur Noël ?

La vérité, c’est que Noël en France est depuis longtemps une fête hybride : commerciale, familiale, culturelle, parfois spirituelle. Personne ne croit plus sérieusement que la mairie « supprime Noël ». Ce que révèle cette polémique, c’est une anxiété collective : celle de voir ses repères culturels dilués dans un monde de plus en plus diversifié.

Plutôt que de s’indigner contre des fantômes, peut-être faudrait-il célébrer ce que Noël représente encore pour des millions de Français — et respecter ceux pour qui il ne signifie rien. C’est cela, aussi, vivre ensemble.