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Brigitte Macron à l’Ukraine : quand la diplomatie s’habille de compassion

« Nous allons vous aider de toutes nos forces, le président et moi », a déclaré Brigitte Macron à Olena Zelenska, première dame d’Ukraine, lors d’une visite chargée d’émotion à l’Élysée en novembre 2025. L’objectif ? Soutenir la reconstruction de centres de protection de l’enfance dévastés par la guerre, notamment par des formations en santé mentale et des levées de fonds via des partenariats associatifs. Derrière cette promesse se dessine une forme de diplomatie souvent sous-estimée : celle des premières dames, discrète, humaine, et très réelle.

Une alliance entre deux femmes confrontées à la guerre

Olena Zelenska, devenue porte-voix des victimes civiles ukrainiennes depuis l’invasion russe, a fait de la protection des enfants et du traumatisme de guerre ses priorités. De son côté, Brigitte Macron, ancienne enseignante, a consacré une grande partie de son engagement public à la jeunesse : harcèlement scolaire, bien-être psychologique, éducation inclusive.

Leur rencontre ne relève ni du hasard ni de la simple photo de presse. Elle s’inscrit dans le cadre de l’initiative européenne « Premières Dames pour l’Enfance », lancée en 2023, qui mobilise des réseaux de psychologues, d’éducateurs et de bailleurs français, allemands et scandinaves. La France, via la Fondation de France et l’Agence française de développement, participe activement à ce dispositif — sans que chaque action ne soit nécessairement portée par le chef de l’État.

La diplomatie douce : une arme invisible mais puissante

Contrairement à la diplomatie officielle, faite de traités et de sanctions, la diplomatie douce agit par la culture, l’éducation, ou la solidarité. Et les conjoints des chefs d’État y jouent souvent un rôle clé — sans mandat électif, certes, mais avec une capacité d’influence symbolique rare.

Depuis Jacqueline Kennedy jusqu’à Jill Biden, en passant par Carla Bruni-Sarkozy ou Valérie Trierweiler, les premières dames ont toujours œuvré dans l’ombre des institutions. Leur force ? Être perçues comme proches, sincères, libres des calculs politiques. Quand Brigitte Macron dit « nous », elle ne parle pas au nom du peuple français, mais au nom d’un engagement partagé entre deux femmes confrontées à des responsabilités immenses.

Et si le problème n’était pas ce qu’elle dit… mais ce qu’on entend ?

La controverse naît souvent de la formulation. « Le président et moi » résonne comme une association de pouvoir — alors qu’il s’agit probablement d’une expression de soutien conjugal teintée de solennité. Pourtant, dans un pays où la laïcité et la séparation des pouvoirs sont sacralisées, toute ambiguïté devient risquée.

L’Élysée a d’ailleurs clarifié : les actions de Brigitte Macron en Ukraine sont financées par des fonds privés ou des subventions humanitaires, jamais par le budget présidentiel. Aucune décision politique n’est prise à son initiative. Son rôle ? Être un relais de visibilité, un catalyseur d’engagements déjà existants.

Les enfants ukrainiens n’ont pas le temps des querelles sémantiques

Alors que plus de 1,5 million d’enfants ukrainiens ont été déplacés depuis 2022, selon l’UNICEF, et que des milliers souffrent de stress post-traumatique, l’urgence n’est pas institutionnelle, mais humaine. Les formations que la France propose — en psychotraumatologie, en accompagnement scolaire post-conflit — sont concrètes, adaptées, et déjà en cours dans cinq régions ukrainiennes.

Dans ce contexte, critiquer la forme risque de faire oublier le fond. Oui, Brigitte Macron n’est pas élue. Mais non, elle n’usurpe aucun pouvoir. Elle utilise sa position — temporaire, précaire, souvent mal définie — pour allumer des phares là où l’ombre est la plus dense.