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Alain Souchon défie les sondages : « On ne laissera pas la France aux extrêmes »

À deux ans de l’élection présidentielle de 2027, alors que le Rassemblement national affiche des scores record dans les sondages, Alain Souchon répond avec une clarté qui ne laisse pas indifférent. Ce n’est pas un discours politique. Ce n’est pas non plus une déclaration partisane. C’est la voix d’un homme qui a vu passer les décennies, et qui ne reconnaît plus la France qu’il a aimée.

« Je ne crois pas que les Français soient assez cons »

Sur RTL, le chanteur de 81 ans a lancé une phrase qui a fait réagir : « Je ne crois pas que les Français soient assez cons pour élire quelqu’un du Front national pour diriger la France. » Une formule crue, volontairement brute, mais qui s’inscrit dans une longue tradition de chansons engagées — celle d’un artiste qui refuse de regarder passer l’histoire en silence.

Il ne nie pas la montée du Rassemblement national. Il la constate. « Il monte, il fait peur, tout le monde en parle. Ça fait des frissons. » Mais pour lui, ce n’est pas un signe de légitimité. C’est un symptôme.

Sondages en hausse, mais une France divisée

Les chiffres sont incontestables. Selon un sondage Elabe BFMTV/La Tribune Dimanche, Jordan Bardella recueillerait 35 % des suffrages au premier tour de la présidentielle de 2027. Marine Le Pen, si elle se présentait, serait à 34 %. Une étude Ipsos BVA va plus loin : 37 % des Français affirment qu’ils seraient « satisfaits » de le voir à l’Élysée.

Pourtant, ces chiffres ne disent pas tout. Ils révèlent une colère, une frustration, une quête d’ordre. Mais pas nécessairement un soutien idéologique profond. Beaucoup votent contre, plutôt que pour. Contre la déconnexion, contre la précarité, contre le mépris. Le vote RN est devenu, pour une part importante, un vote de rupture — pas un vote d’adhésion.

Une révolution ? « On irait en Suisse »

Alain Souchon ne parle pas de changement. Il parle de chute. « Il y aurait une révolution », dit-il. Et il ajoute, avec une tristesse calme : « Si ça arrivait, on irait en Suisse. »

Ce n’est pas une menace. Ce n’est pas une blague. C’est une confession. Celle d’un père qui ne veut pas laisser à ses enfants un pays où la haine devient norme, où les différences sont combattues, où la démocratie se transforme en majorité autoritaire.

La tournée, un acte de résistance

En ce moment même, Alain Souchon parcourt la France avec ses fils, Pierre et Charles. Sur scène, il chante « Foule sentimentale » — une chanson sur la solitude dans la foule. Un texte qui résonne étrangement aujourd’hui.

Il ne parle pas de politique en concert. Mais il chante pour ceux qui ne se reconnaissent plus dans les discours simplistes. Il chante pour ceux qui ont peur — non pas du changement, mais de la perte de sens.

Le RN : un phénomène social, pas un projet politique

Le Rassemblement national n’a pas gagné par la force de ses idées. Il a gagné parce que les autres ont cessé d’écouter. Parce que les élites ont ignoré les quartiers. Parce que les médias ont parfois confondu popularité et légitimité.

Alain Souchon ne rejette pas les électeurs. Il rejette l’exploitation de leur douleur. Il sait que derrière chaque voix pour le RN en 2027, il y a un homme, une femme, une famille en difficulté. Mais il refuse de voir leur souffrance transformée en pouvoir pour un projet qui ne les sauvera pas.

Il ne croit pas à la victoire du Rassemblement national. Pas parce qu’il est naïf. Mais parce qu’il connaît la France. Et qu’il sait que, même dans l’ombre, elle garde une étincelle de dignité.