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« Sait-elle que des gens sont morts pour ça ? » Bardella fustige BFM TV après une mise en cause sur l’islamophobie

Un œuf lancé dans la rue. Une chronique à la télévision. Et soudain, un débat national sur la violence politique, la liberté d’expression et les limites du mot « islamophobie ». Le 29 novembre 2025, à Moissac, Jordan Bardella est visé par un projectile alimentaire lors d’une séance de dédicaces. L’incident, somme toute bénin, prend une autre dimension quand une chroniqueuse de BFM TV suggère que ses prises de position auraient pu « provoquer » cette agression. Pour le président du Rassemblement National, c’est plus qu’une maladresse : c’est une banalisation du harcèlement contre ses idées.

Quand l’analyse médiatique devient accusation

 

Invitée en plateau, la journaliste Nesrine Slaoui affirme que les propos tenus par Bardella sur l’islam ou l’immigration sont perçus comme « violents » par une partie de la population, notamment les musulmans. Elle n’appelle pas à la violence, mais insinue un lien de causalité : « Il ne peut pas s’étonner », résume-t-elle.

Pour le camp RN, ce raisonnement est inacceptable. Car il établit un précédent dangereux : celui où un élu pourrait être tenu responsable d’actes hostiles dont il est la victime, simplement en raison de ses convictions.

RN en colère : « C’est une légitimation de la violence »


La réaction ne se fait pas attendre. Laure Lavalette, députée RN du Var, annonce publiquement sa volonté de saisir l’Arcom, accusant BFM TV de violer les principes d’impartialité et d’inciter indirectement à la stigmatisation. « On ne justifie pas une agression, même symbolique, sous prétexte qu’on n’aime pas les idées de quelqu’un », martèle-t-elle.

Jordan Bardella, quant à lui, publie un message cinglant : « Sait-elle que des gens sont morts dans notre pays pour avoir été accusés d’“islamophobie” ? À quoi joue-t-elle, exactement ? » Une référence à plusieurs drames récents, où des citoyens ou enseignants ont été pris pour cibles après des accusations publiques.

Le silence assourdissant de la majorité

Alors que le RN mobilise ses troupes médiatiques et juridiques, le reste de la classe politique observe un silence presque total. Seul le ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, condamne l’acte comme « inacceptable ». En revanche, des figures comme Bernard Guetta minimisent l’incident : « Appeler ça de la violence, non. »

Ce contraste alimente le récit du RN : un parti « persécuté », dont même les agressions physiques sont relativisées, voire excusées, par ses adversaires politiques et médiatiques.

Islamophobie : mot-piège ou outil de protection ?

Au cœur de la polémique, le mot « islamophobie » continue de diviser. Pour certains, il est essentiel pour dénoncer les discriminations anti-musulmans. Pour d’autres, il est instrumentalisé pour réduire au silence toute critique de l’islam politique ou de certaines pratiques communautaires.

Dans ce bras de fer sémantique, les élus comme Bardella se présentent comme les garants d’une liberté de débat qu’ils estiment menacée. Et chaque œuf lancé, chaque chronique médiatique, devient une nouvelle brique dans ce conflit culturel profond — bien au-delà d’un simple incident de campagne.