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Budget 2026 : François Bayrou accuse le mois de mai de paresse nationale, mais est-ce vraiment justifié ?

Le Premier ministre François Bayrou a lancé une attaque musclée contre le mois de mai, le décrivant comme un “gruyère de ponts” qui coûte cher à l’économie. Il souhaite même supprimer le 8-Mai comme jour férié. Mais derrière cette critique acérée, une question se pose : le mois de mai est-il vraiment un mois de fainéants ou une victime de mauvaise réputation ?

Un mois accusé de paresse : les arguments du gouvernement

Dans son discours sur le Budget 2026, François Bayrou n’a pas mâché ses mots : mai est devenu un “véritable gruyère où l’on saute de ponts en viaducs de congés”. Selon les chiffres avancés, les jours fériés de ce mois entraîneraient une baisse d’activité estimée entre 0,3 % et 0,4 %, pour un coût compris entre 4 et 6 milliards d’euros par an.

Philippe Crevel, économiste, souligne que l’accumulation de congés dans ce mois peut réduire le chiffre d’affaires des entreprises de 2 à 3 % par rapport à un mois standard. Et selon l’Insee, chaque jour férié coûterait environ 0,06 point de PIB.

49 % des Français prévoient de partir en vacances en mai

Une enquête Ipsos menée en mai 2025 révèle que 49 % des Français prévoient de partir en vacances pendant ce mois. Parmi eux, 26 % utilisent des jours de congé pour faire des ponts, et 10 % prennent même une semaine entière. Le reste s’accorde quelques jours ici et là.

Mais selon certains experts, ces congés ne sont pas gaspillés : “Ils auraient été posés ailleurs”, rappelle Philippe Crevel. Ce n’est pas tant la paresse qui coûte cher, mais la concentration des absences.

Mai : victime d’une mauvaise réputation ?

Caroline Diard, professeure à la Toulouse Business School, défend le mois de mai. Selon elle, “critiquer l’usage des jours fériés comme de la paresse est injuste”. Avec 11 jours fériés par an, la France se situe dans la moyenne européenne.

De plus, beaucoup de secteurs travaillent intensément en mai : hôtellerie, restauration, tourisme, loisirs. Et pour cause : mai est aussi le mois où les salariés épuisent leurs congés payés de l’année précédente. Supprimer le 8-Mai ne supprimerait pas les vacances… juste les ponts.

Et si le problème venait de la répartition des congés ?

L’économiste Philippe Crevel est clair : “L’effet sur l’économie serait moindre si les congés étaient mieux répartis”. Mai est un mois où les entreprises perdent en productivité, mais c’est aussi un mois crucial pour le tourisme et les loisirs.

Bernard Vivier, directeur de l’Institut supérieur du travail, résume : “Les Français ne sont pas attachés au 8-Mai, ils sont attachés aux vacances en été.” Supprimer un jour férié ne changera pas la donne : les congés seront pris ailleurs.