Choc judiciaire : Dominique Pélicot pourrait bénéficier d’un non-lieu dans deux affaires de violences sexuelles
Une affaire qui relance le débat sur l’efficacité du système judiciaire. Dominique Pélicot, déjà condamné pour les viols commis lors de stupre à Carpentras, fait face à de nouvelles investigations liées à deux autres crimes sexuels présumés. Mais contre toute attente, un non-lieu pourrait être prononcé dans l’enquête sur le meurtre et le viol de Sophie Narme, ainsi que dans celle portant sur une tentative de viol sur une seconde victime. Deux femmes, toutes deux agents immobilières, agressées selon un mode opératoire troublant. Pourtant, malgré des aveux partiels et des similitudes criantes, la justice bute sur un obstacle majeur : la disparition des scellés. Un fiasco technique qui menace d’anéantir des années d’enquête.
Un double dossier sous haute tension
Les enquêtes concernent deux femmes travaillant dans l’immobilier, victimes d’agressions sexuelles dans les années 1980. Sophie Narme, assassinée en 1986 dans sa chambre à Aix-en-Provence, a été retrouvée violée et étranglée. Quelques mois plus tôt, une autre agent immobilière avait échappé à un sort similaire après avoir été agressée dans son appartement. Le parallèle est frappant : même profil de victime, même méthode — intrusion, ligature, agression sexuelle.
Des éléments suffisants pour rouvrir les dossiers dans le sillage de l’affaire Pélicot. Ce dernier, après ses aveux retentissants dans l’affaire de Carpentras, a reconnu avoir commis une tentative de viol sur l’une des deux femmes. Il a décrit des faits correspondant précisément aux circonstances de l’agression non mortelle. Pourtant, il nie formellement tout lien avec le meurtre de Sophie Narme.
La piste Pélicot : cohérence ou coïncidence ?
Les similitudes entre les affaires sont trop nombreuses pour être ignorées. Même type de cible professionnelle, même violence exercée, mêmes méthodes de contrôle. À l’époque, les enquêteurs avaient suspecté un auteur unique. Aujourd’hui, avec les aveux partiels de Pélicot et son profil de manipulateur sexuel confirmé, la thèse d’un criminel en série refait surface.
Mais sans preuve matérielle, tout s’effondre. Et c’est là que le drame se noue : les scellés de l’affaire Sophie Narme ont été perdus. Les vêtements de la victime, les prélèvements ADN, les rapports d’autopsie originaux — tout a disparu au fil des transferts de dossiers entre services judiciaires. Une négligence administrative aux conséquences dramatiques. Sans ces éléments, aucune expertise génétique n’est possible. Impossible donc d’établir un lien biologique entre Pélicot et le crime.
Un non-lieu probable, malgré les indices
En droit français, l’absence de preuves matérielles ne signifie pas innocence. Mais elle empêche souvent de maintenir une mise en examen, surtout quand les délais sont critiques. Dans le cas de l’agression non mortelle, la prescription est désormais acquise. L’infraction étant prescrite, aucune poursuite ne peut être engagée, même avec des aveux partiels.
Pour le meurtre de Sophie Narme, la situation est différente : le crime ne prescrit pas. Mais sans éléments probants, le juge d’instruction ne peut légalement poursuivre la procédure. D’après des sources proches du dossier citées par Paris Match, un non-lieu devrait être requis prochainement, faute de charges suffisantes. Une décision qui, si elle est validée par le tribunal, clôturera définitivement les deux affaires.
L’ombre d’un dysfonctionnement systémique
Ce cas illustre une faille profonde du système judiciaire : la gestion archaïque des scellés. Des pièces à conviction disparaissent régulièrement dans les archives judiciaires, souvent à cause de manques de traçabilité, de déménagements de greffes ou de mauvaise conservation. En 2023, un rapport de la Cour des comptes pointait du doigt les lacunes persistantes dans la chaîne de conservation des preuves. Ici, la perte des scellés prive les familles de vérité, les victimes de justice, et la société d’un jugement éclairé.
Dans l’affaire Sophie Narme, la famille a longtemps espéré une reconnaissance posthume. Aujourd’hui, elle risque d’être privée même de ce droit fondamental. Comme dans d’autres dossiers historiques, c’est l’État lui-même qui, par négligence, torpille la quête de justice.
Aveux, mensonges et frontières de la culpabilité
Dominique Pélicot a avoué des actes terribles. Son rôle central dans l’affaire de Carpentras est incontestable. Mais ses aveux sont aussi stratégiques, sélectifs. Il reconnaît ce qu’il peut reconnaître — souvent pour négocier des peines ou gagner du crédit auprès des juges. Sur le meurtre de Sophie Narme, il maintient son innocence.
Sans preuve contraire, la présomption de non-culpabilité s’impose. C’est le principe fondateur de notre droit. Mais cela soulève une question douloureuse : combien de criminels échappent à la justice non pas par manque de suspicion, mais par manque de rigueur administrative ? Combien de dossiers reposent sur des éléments aujourd’hui introuvables.