Le silence des départements : 54 d’entre eux n’ont plus les moyens de verser les aides
Il n’y a pas de rassemblement. Pas de manifestation. Pas de une des grands médias. Mais dans les bureaux des conseillers départementaux, les comptes sont à zéro. 54 départements sur 101 ne peuvent plus garantir le versement des aides sociales. Pas par négligence. Pas par mauvaise gestion. Parce qu’ils n’ont tout simplement plus d’argent.
Et pourtant, les besoins ne baissent pas. Au contraire. Les familles ont plus besoin que jamais du RSA, de l’APA, de l’allocation logement. Les personnes âgées attendent toujours l’aide à domicile. Les enfants ont besoin des accompagnants scolaires. Mais les caisses sont vides. Et le gouvernement vient d’annoncer un plan de secours : 600 millions d’euros. Un montant important. Mais trop tardif. Et trop éphémère.
🔴💸 ALERTE : 54 départements sur 101 sont en quasi faillite, c’est le drame.
"Lecornu vient au chevet des départements dont 54 seraient en quasi faillite. Il a promis de doubler le fonds d’urgence à 600 M pour assurer le versement des aides." (CNEWS)
Scandale d’État. pic.twitter.com/3MYZlYa6eE
— Sir 𝕏 (@SirAfuera) November 14, 2025
Qui est concerné ? Et pourquoi ?
Ce n’est pas une crise soudaine. C’est un glissement lent, silencieux, qui dure depuis dix ans. Les départements ont vu leurs ressources fondre : la taxe d’habitation a été supprimée pour la majorité des foyers, les dotations de l’État ont été réduites, et les recettes propres — comme la taxe sur les véhicules — ne suffisent plus à couvrir les dépenses.
Or, ils sont les seuls à devoir payer les aides sociales. Le RSA. L’APA. L’allocation logement. L’ASH. Tous ces dispositifs, conçus par l’État, financés par les départements. Sans contrepartie. Sans compensation. Un transfert de charge, sans transfert de moyens.
Les territoires les plus fragiles, les plus oubliés
Les départements en difficulté ne sont pas ceux des grandes métropoles. Ce sont les zones rurales. Les départements de l’Ouest, du Centre, du Sud-Ouest. La Creuse. La Haute-Vienne. La Mayenne. Le Loir-et-Cher. Des territoires où la population vieillit, où les jeunes partent, où les emplois manquent. Là, les recettes sont faibles. Les besoins, immenses.
Un département comme la Creuse consacre plus de 40 % de son budget à l’aide sociale. Et ses recettes ne croissent plus. Résultat ? Il doit choisir. Entre payer les aides… ou entretenir les routes. Entre assurer les transports scolaires… ou maintenir les centres médico-sociaux.
Le fonds de 600 millions : une solution de circonstance
Le ministre de la Cohésion des territoires, Éric Lecornu, a annoncé que le fonds d’urgence serait doublé : 300 millions passent à 600 millions. L’objectif ? Assurer le versement des aides jusqu’à la fin de l’année. Pas plus. Pas moins.
C’est une mesure de dernière minute. Un pansement sur une plaie profonde. Les départements savent que ce fonds ne sera pas reconduit l’année prochaine. Ils savent aussi qu’il ne règle rien. Il ne rééquilibre rien. Il ne redonne pas de pouvoir fiscal. Il ne réforme rien. Il évite juste que les chèques ne soient pas signés dans les prochains mois.
Le vrai risque : la désorganisation des services publics
Quand un département ne peut plus payer les prestataires, les conséquences sont immédiates. Les aidants à domicile cessent leurs visites. Les transporteurs scolaires arrêtent leurs lignes. Les centres d’action sociale ferment leurs portes en fin de journée. Les familles n’ont plus accès aux aides. Et les personnes les plus vulnérables sont les premières à en souffrir.
Ce n’est pas une crise budgétaire. C’est une crise de solidarité. Une crise de confiance. Quand les habitants comprennent que leur département ne peut plus les protéger, c’est l’ensemble du lien social qui se délite.
Le défi caché : un système obsolète
La France compte 101 départements. Chacun a un profil unique. Mais tous sont financés selon les mêmes règles. Un système centralisé, rigide, inadapté. Un département rural ne peut pas générer les mêmes recettes qu’un département urbain. Pourtant, il doit assurer les mêmes services. C’est absurde. Et c’est insoutenable.
Depuis des années, les élus locaux demandent une réforme. Une répartition plus juste des ressources. Une reconnaissance du coût réel de la solidarité territoriale. Le gouvernement répond par des fonds ponctuels. Des gestes. Des promesses. Mais jamais par une réforme profonde.
Que va-t-il se passer en 2026 ?
Le système de financement des départements doit être réformé en 2026. Avec la suppression définitive de la taxe d’habitation et la révision des dotations, la pression va encore augmenter. Sans changement de cap, 70 départements pourraient être en situation similaire d’ici deux ans.
Le fonds de 600 millions est une aide. Une aide nécessaire. Mais il ne doit pas devenir une excuse pour ne rien changer. Car les Français ne veulent pas des secours d’urgence. Ils veulent un système qui fonctionne. Qui assure. Qui dure.
Le vrai défi n’est pas de trouver 600 millions. C’est de reconnaître que les départements ne sont pas des « sous-traitants » de l’État. Ce sont les garants de la solidarité au quotidien. Et ils méritent d’être financés comme tels.
