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Le piège qui coûte des vies : pourquoi la répression contre les drogues est un échec colossal

Quand Mehdi Kessaci, un jeune de 20 ans, est abattu en pleine rue à Marseille, on parle de criminalité. Mais on omet souvent ce qui alimente cette violence : un marché illégal, sans contrôle, sans régulation, sans limite. Et ce marché, c’est celui que la répression a créé. Louis Sarkozy le dit clairement : pour briser les réseaux, il faut dépénaliser — pas seulement le cannabis, mais toutes les substances. Une proposition qui dérange, mais qui s’appuie sur des faits.

Un échec mondial, répété depuis trente ans

Depuis les années 1990, la France a multiplié les campagnes anti-drogue, les perquisitions, les interpellations. Les budgets ont explosé. Les prisons se sont remplies. Et pourtant, les dealers reviennent toujours. Même aux États-Unis, où la DEA dépense des milliards, possède des armes de guerre et mène des opérations en Amérique latine, les cartels sont plus forts qu’en 2000.

 

La répression ne tue pas le trafic. Elle le protège.

Le Portugal : quand la science remplace la morale

En 2001, le Portugal a choisi une autre voie. Il a dépénalisé la possession de toutes les drogues. Pas pour encourager la consommation. Mais pour déconnecter la drogue du crime. Il a financé des centres de santé mentale, des programmes de réduction des risques, des accompagnements sociaux. Résultat ? Une baisse de 60 % des overdoses, une chute des infections par le VIH, et une diminution du nombre de jeunes consommateurs.

La leçon est claire : traiter la drogue comme une maladie, pas comme un crime, sauve des vies — et détruit les réseaux criminels.

Le cannabis : la clé pour désarmer le marché noir

Le marché du cannabis illégal en France est colossal. Des adolescents achètent des produits sans contrôle, souvent contaminés, parfois létals. En même temps, l’alcool — bien plus toxique, bien plus meurtrier — est vendu en boulangerie, en supermarché, en station-service. Pourquoi cette hypocrisie ?

Depuis la légalisation partielle au Canada ou en Uruguay, les ventes illégales ont chuté. Là où le cannabis est contrôlé, les consommateurs choisissent la sécurité. Le marché noir recule. C’est une réalité économique, pas une utopie.

Libérer les prisons : un gain pour la société

Chaque année, plus de 15 000 personnes sont incarcérées en France pour simple détention de drogue. Ces personnes ne sont pas des trafiquants. Ce sont des consommateurs, souvent en détresse. Leur emprisonnement coûte 100 000 € par an et par détenu. Et ça ne les réhabilite pas.

En dépénalisant, on libère des places pour les violents, les voleurs, les trafiquants véritables. On redirige les fonds vers la prévention, la thérapie, l’emploi. Ce n’est pas de la générosité. C’est de la rationalité.

La droite a le devoir de changer de discours

On entend souvent que la droite doit être ferme. Mais la fermeté, ce n’est pas multiplier les arrestations. C’est oser changer un système qui échoue. C’est reconnaître que la répression a été un échec coûteux. C’est accepter que la santé publique est plus efficace que la prison.

La dépénalisation n’est pas une concession. C’est une stratégie d’État. Elle protège les jeunes, affaiblit les mafias, et réduit la violence. Ce n’est pas un choix idéologique. C’est une nécessité.