Actu

Marseille en ébullition : Delogu lance un appel à reprendre la ville

À moins de six mois des élections municipales, Marseille ne se contente plus de voter. Elle se réveille. Et ce réveil passe par une voix rare : celle d’un député qui refuse de jouer le jeu des alliances convenues. Sébastien Delogu, figure de La France insoumise, vient de déclarer sa candidature à la mairie — non pas pour conquérir un siège, mais pour rétablir un contrat oublié entre les élus et les habitants.

Un projet fondé sur la rupture, pas sur la coalition

« Je ne veux plus de Marseille gérée par des réseaux », a-t-il affirmé, sans ambigüité. Ses mots résonnent dans les quartiers où les enfants attendent des écoles dignes, où les familles luttent contre les loyers exorbitants, où les hôpitaux manquent de personnel. Ce n’est pas un discours de campagne. C’est un constat vécu.

Delogu ne nie pas les avancées du « Printemps marseillais ». Mais il dénonce son illusion. Benoît Payan, dit-il, n’a pas brisé le système. Il l’a intégré. La métropole Aix-Marseille-Provence, pilotée par Martine Vassal, reste un modèle de co-gestion avec la droite — une logique qui, selon lui, a sacrifié les territoires au profit des intérêts institutionnels.

Une liste indépendante, mais pas solitaire

La France insoumise ne présente pas de liste en alliance avec les socialistes ou les communistes. Ce n’est pas un rejet. C’est une exigence. Delogu a déjà conquis le soutien de Sébastien Barles, adjoint au maire en charge de la transition énergétique, et de son mouvement Vaï. Il a aussi obtenu l’adhésion de la Révolution écologique pour le vivant, menée par Aymeric Caron.

Le programme, encore en construction, se construit autour de trois piliers :
— Le logement : stopper la spéculation, rénover les HLM, garantir un droit au logement réel.
— La santé : rétablir l’accès aux soins dans les quartiers populaires, recruter des médecins, ouvrir des centres de santé communautaires.
— L’urgence écologique : plan de dépollution des rives, rénovation thermique des bâtiments publics, mobilité douce prioritaire.

Chaque point est ancré dans des réalités locales. Pas dans des discours nationaux.

Les trois forces qui s’affrontent

D’un côté, la droite unie. Martine Vassal, soutenue par les Républicains, Horizons et Renaissance, représente une machine électorale bien huilée. Son objectif : conserver le contrôle de la métropole, même si cela signifie ignorer les urgences des quartiers.

De l’autre, la gauche en recomposition. Benoît Payan, encore silencieux, prépare probablement une coalition avec le Parti communiste et une partie des écologistes. Mais son passé de compromis avec la droite mine sa crédibilité auprès des électeurs exigeants.

Et puis, il y a l’extrême droite. Franck Allisio, porté par le soutien du sénateur Stéphane Ravier, tente de transformer la colère sociale en vote identitaire. Une stratégie qui a porté ailleurs. À Marseille, elle rencontre une résistance profonde.

Une ville qui ne veut pas de l’extrême droite — pas par peur, mais par identité

Delogu ne minimise pas la menace. Il la nomme. Mais il ne la redoute pas. « Marseille est antiraciste. Marseille est antifasciste. » Cette phrase, répétée comme un mantra, n’est pas un slogan. C’est une vérité historique. Une ville portuaire, multiculturelle, où les identités se mêlent depuis des siècles.

Il sait que le Rassemblement national gagne du terrain dans les zones en déclin. Mais il croit que la majorité des Marseillais ne votera pas pour la peur. Il croit qu’ils voteront pour la dignité. Pour un avenir où la ville ne sera plus une proie, mais un espace partagé.

Le vrai enjeu : qui détient le pouvoir ?

Les élections municipales à Marseille ne sont pas une simple compétition entre candidats. Elles sont un verdict sur la démocratie locale. Sur la capacité d’une ville à se réapproprier son avenir, loin des décisions prises à Paris ou à Lyon.

Delogu ne cherche pas à être élu pour changer les lois. Il veut être élu pour changer les pratiques. Pour que les conseils de quartier aient un vrai pouvoir. Pour que les budgets soient discutés en assemblées citoyennes. Pour que les décisions ne soient plus prises dans des salles fermées, mais dans les rues, les écoles, les centres sociaux.

Ce n’est pas une utopie. C’est une demande ancienne. Et cette année, pour la première fois depuis longtemps, elle a un visage. Un nom. Une voix.