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Et si Ségolène Royal avait gagné en 2007 ? La France aurait-elle échappé à ses crises ?

Presque vingt ans après l’élection présidentielle de 2007, Ségolène Royal relance un débat mémoriel qui touche au cœur de l’identité politique française. Dans un entretien franc et sans concession au média Le Crayon, l’ancienne candidate du Parti socialiste affirme avec force que, sous sa présidence, la France aurait évité bien des dérives — sociales, sanitaires, environnementales. Ce n’est pas seulement un constat, c’est une contre-histoire : celle d’un pays qui aurait pu choisir un autre chemin.

Un second tour historique, un destin suspendu

Le 6 mai 2007 restera marqué comme la date à laquelle Nicolas Sarkozy accédait à l’Élysée, avec 53,06 % des suffrages. Face à lui, Ségolène Royal, première femme à atteindre le second tour d’une élection présidentielle en France, incarnait un projet novateur, centré sur l’écologie, l’éducation et la démocratie participative. Aujourd’hui, en 2025, après trois présidences successives et une accumulation de crises — climatique, sanitaire, énergétique —, elle affirme : « La France ne serait pas dans cet état si j’avais été élue. »

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« Si j’avais été présidente, on serait une grande puissance écologique » On a reçu Ségolène Royal, femme politique française, ancienne ministre et première femme à accéder au second tour de l’élection présidentielle en 2007. Elle publie « Mais qui va garder les enfants ? » aux éditions Fayard. — Le Crayon, c’est le média qui ose la contradiction pour mieux réunir la société française. Apartisan, gratuit et populaire, on propose chaque jour des réflexions sur les grands enjeux de notre époque. 📲 Abonne-toi à @lecrayonmedia pour ne rien rater.

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Le laboratoire Poitou-Charentes comme modèle national

Pour étayer sa vision, Ségolène Royal s’appuie sur son mandat à la tête de la région Poitou-Charentes (2004–2014). Elle y avait lancé, bien avant l’heure, des initiatives en faveur des énergies renouvelables et de la mobilité électrique, dont la désormais célèbre usine Mia Electric — malgré son échec commercial en 2014.

« On serait une grande puissance écologique », affirme-t-elle. Dans son scénario alternatif, chaque logement français serait isolé, chaque bâtiment en énergie positive, et les ménages libérés du poids croissant des factures. Une promesse en phase avec les préoccupations actuelles liées au coût de l’énergie en France, l’un des sujets les plus sensibles de cette décennie.

Éducation, santé, jeunesse : les piliers sacrifiés ?

Au-delà de l’environnement, Ségolène Royal pointe trois domaines qu’elle juge avoir été négligés depuis 2007 :

  • L’éducation, qu’elle aurait maintenue « au cœur des priorités » ;
  • Le système de santé, qu’elle n’aurait « jamais laissé s’effondrer » face aux tensions chroniques et à la désertification médicale ;
  • L’avenir des jeunes, qu’elle aurait orientés massivement vers les « filières industrielles du futur », combinant innovation, sobriété et souveraineté.

Ce triptyque révèle une vision de gouvernance intégrée, où les politiques publiques ne sont pas segmentées, mais pensées de manière systémique.

Une justice symbolique face à une victoire contestée

Les propos de Ségolène Royal prennent une dimension encore plus vive à la lumière des condamnations récentes de Nicolas Sarkozy, notamment pour financement politique illégal lié à des fonds libyens. « C’est un mafieux. Il se retrouve en prison pour avoir volé, triché », lance-t-elle sans détour.

Puis vient la phrase la plus frappante : « La meilleure sanction aurait été l’inversion des résultats. » Une formulation audacieuse, presque juridique, qui compare l’élection à un examen universitaire : « Celui qui triche, on ne lui donne pas le diplôme. » Bien que purement symbolique, cette idée résonne fortement dans une époque marquée par la défiance envers les élites.

Un récit entre mémoire, actualité et prospective

À l’heure où la France débat de la réforme du système de santé, de la transition énergétique et de l’intégrité du financement politique, les déclarations de Ségolène Royal ne relèvent pas seulement de la nostalgie. Elles offrent une grille de lecture critique, voire prophétique, des échecs collectifs. Son essai Mais qui va garder les enfants ? prolonge cette réflexion sur les responsabilités partagées — entre État, familles et société.

Qu’on y adhère ou non, cette contre-histoire force à repenser les choix qui ont façonné la France d’aujourd’hui — et ceux qui pourraient redéfinir celle de demain.