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Deux fois évadé, une fois autorisé : le scandale qui fait trembler la justice française

Le 14 novembre, à Rennes, un détenu a disparu pendant une sortie au planétarium — une sortie qui, selon les règles, ne devait jamais avoir lieu. Il n’était pas un prisonnier ordinaire. Il avait déjà fui une fois. Et pourtant, on lui a offert une seconde chance… qui a mal tourné.

Une permission accordée malgré un passé d’évasion

Le 37 ans, incarcéré pour plusieurs vols, avait déjà réussi à s’échapper en 2024. Une première évasion, survenue lors d’une permission similaire. Pourtant, la juge d’application des peines l’avait jugé « réformé », « bien intégré », digne d’une sortie culturelle dans le cadre de sa réinsertion. Le planétarium, lieu de découverte, était censé être un pas vers la liberté responsable.

Le 14 novembre, accompagné de trois agents, il a quitté les murs de la prison de Rennes-Vezin. Il n’est jamais revenu. Les caméras ne l’ont plus vu. Les gardiens, selon les premiers éléments, n’ont pas remarqué son absence avant qu’il ne soit trop tard.

Un ministre face à l’irréparable

Gérald Darmanin, en visite à la prison de la Santé à Paris, a pris la parole comme on prend un scalpel : précis, froid, sans concession. Il a rappelé que les consignes existent — et qu’elles sont claires : aucun détenu ayant déjà fui ne doit participer à une sortie hors établissement.

« Quand on vous dit qu’un homme a déjà disparu, qu’on vous demande de ne pas le laisser sortir… c’est du bon sens, pas une loi compliquée », a-t-il déclaré. Son message était clair : cette erreur n’était pas une coquille, mais une faute lourde.

Le directeur de la prison relevé de ses fonctions

En moins de huit jours, la réaction a été rapide. Le directeur de la prison de Rennes-Vezin a été retiré de ses fonctions. Pas licencié. Pas poursuivi. Mais démis. Parce que, selon Gérald Darmanin, diriger une prison, c’est assumer la vie de centaines de personnes — et la sécurité de la société entière.

« Ce n’est pas un échec technique. C’est un échec de leadership », a-t-il insisté. Une phrase qui résume tout : la responsabilité ne se partage pas. Elle se assume — ou on cesse d’être responsable.

Le système de permissions à l’épreuve du feu

Les sorties autorisées en France ne sont pas rares. Chaque année, des milliers de détenus bénéficient de permissions pour des raisons familiales, médicales ou culturelles. Mais chaque décision est censée être évaluée avec rigueur : dangerosité, comportement, projet de réinsertion, historique.

Ce cas met en lumière un paradoxe : un homme qui a déjà trahi la confiance est de nouveau jugé digne de confiance. Pourquoi ? Parce qu’il s’était bien conduit en détention ? Parce que la juge avait vu un potentiel ? Peut-être. Mais la société, elle, ne voit qu’un homme en fuite — et un système qui a failli.

Des réformes en urgence : le « plan zéro portable » et au-delà

La fuite de Rennes a relancé le débat sur la sécurité des établissements pénitentiaires. Gérald Darmanin a annoncé une révision complète des protocoles de sortie. Désormais, toute permission hors murs devra être validée par deux niveaux hiérarchiques supérieurs — et non plus seulement par le directeur local.

Parallèlement, le « plan zéro portable en prison » sera accéléré. Ces appareils, souvent introduits clandestinement, permettent aux détenus de coordonner des évasions, de contacter des complices, de planifier des crimes. Leur éradication est désormais une priorité nationale.

Un homme en fuite, une nation en questionnement

Le détenu reste introuvable. Les forces de l’ordre ont déployé des moyens exceptionnels. Mais la question qui hante les Français n’est plus seulement : « Où est-il ? »

Elle est : « Comment a-t-on pu décider de le laisser sortir ? »

Et si, dans d’autres prisons, d’autres dossiers similaires ont été traités de la même manière ?

Le ministre a promis une enquête interne. Les familles des victimes attendent des réponses. Et la justice, elle, doit maintenant prouver qu’elle peut à la fois être humaine… et impitoyable.