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Fraude aux indemnités : l’incroyable double vie d’une « accidentée » démasquée en direct

Elle boitait ostensiblement devant les médecins, s’appuyait sur des béquilles pour obtenir une prolongation d’arrêt de travail… mais filait au volant de sa voiture dès que personne ne regardait. Grâce à une filature rigoureuse, Michaël, détective privé mandaté par l’Assurance maladie, vient de dévoiler une simulation de blessure qui illustre un phénomène en plein essor : la fraude aux indemnités journalières.

Une enquête menée tambour battant

En ce début d’année 2025, les services de lutte contre la fraude de l’Assurance maladie renforcent leur collaboration avec des enquêteurs privés. L’un d’eux, Michaël, a récemment mené une opération discrète dans une banlieue parisienne. Sa cible : une femme de 43 ans, officiellement en arrêt de travail depuis trois mois pour une « fracture du péroné ».

Pour justifier son incapacité, elle présentait des certificats médicaux détaillés, des radios et des attestations de kinésithérapie. Pourtant, les déclarations de son employeur et de ses proches ont éveillé les soupçons. « Quelque chose clochait dans son attitude », confie Michaël. « Elle s’absentait régulièrement les après-midi, et ses voisins la voyaient se déplacer sans difficulté ».

Des béquilles pour la façade, mais pas pour la réalité

La filature a vite confirmé les doutes. Filmée à plusieurs reprises, la femme a été vue conduisant son véhicule, faisant ses courses au supermarché, voire pratiquant une activité de plein air le week-end. Aucune trace de boiterie, aucune difficulté motrice apparente. Le contraste avec les scènes jouées devant les médecins contrôleurs était frappant.

Ce type de comportement, qualifié de simulation médicale, n’est malheureusement pas isolé. Selon la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam), près de 120 millions d’euros sont perdus chaque année à cause de fraudes aux arrêts maladie et aux indemnités journalières.

Un système sous pression, mais des outils de détection en renfort

Face à cette dérive, l’Assurance maladie développe des systèmes d’analyse comportementale et intensifie les contrôles sur le terrain. En 2024, plus de 15 000 investigations ont été confiées à des cabinets d’enquête privés agréés, selon les données publiées par la Cnam.

Les conséquences pour les fraudeurs sont désormais sévères : remboursement intégral des sommes perçues, radiation temporaire des droits, voire poursuites pénales pour escroquerie. « Ce n’est pas simplement un manquement moral, c’est un vol sur la solidarité nationale », souligne un porte-parole de la Cnam en janvier 2025.

L’impact humain et social d’une fraude banalisée

Derrière ces chiffres, il y a aussi un enjeu de confiance collective. Alors que de nombreux patients souffrent réellement et dépendent des indemnités pour survivre, ces abus fragilisent l’ensemble du système de protection sociale.

La médiatisation de ces cas, notamment via des reportages comme celui diffusé sur France 2 en novembre 2024, contribue à sensibiliser l’opinion. Toutefois, les autorités insistent : la majorité des assurés sont honnêtes. Ce sont les quelques fraudeurs qui ternissent la réputation du système.