133 000 euros pour apprendre à sourire : le coaching médiatique de Jordan Bardella financé par le Parlement européen
Une révélation récente met en lumière une dépense surprenante : Jordan Bardella, président du Rassemblement national, aurait bénéficié de 133 000 euros d’argent public provenant du Parlement européen pour des séances de coaching médiatique. Objectif ? Affiner sa communication, travailler son sourire, adopter une posture plus « sérieuse »… et transformer une image publique jugée, selon certaines sources, trop juvénile ou inconsistante.
Pour des contribuables européens, la facture peut sembler excessive. Pour des observateurs politiques, elle pose une question plus profonde : jusqu’où les partis peuvent-ils instrumentaliser les fonds parlementaires à des fins personnelles — ou perçues comme telles ?
Jordan Bardella a dépensé plus de 130 000 euros en coaching pour "apprendre à sourire" et "faire sérieux".
130 000 euros d'argent public, celui du Parlement européen. Votre argent.
Ces gens ne servent pas les Français. Ils se servent dans leurs poches. pic.twitter.com/LEksOFBIXg
— Clémence Guetté (@Clemence_Guette) December 1, 2025
Un coaching intensif financé par des fonds européens
Entre 2019 et 2022, le groupe parlementaire Identité et Démocratie — auquel appartient le Rassemblement national — a attribué un marché de media-training à une société nommée Humeau. Cette dernière, choisie sur recommandation directe de Jordan Bardella, aurait été chargée de former plusieurs élus, dont le jeune président du RN.
Or, selon des documents internes et des analyses indépendantes, cette structure ne remplissait pas les critères requis pour répondre à l’appel d’offres. Pire : elle n’avait ni expérience avérée dans la formation politique, ni références institutionnelles solides. Pourtant, elle a été sélectionnée — et rémunérée à hauteur de 133 000 euros.
« Une coquille vide » : les critiques du coach lui-même
Les séances, intensives, auraient porté sur des aspects très précis : la diction, le regard caméra, la gestion du stress en direct, mais aussi la gestuelle et le fameux « sourire politique ». Selon des témoignages rapportés par des journalistes d’investigation, le coach aurait un temps décrit Jordan Bardella comme une « coquille vide », en besoin urgent de profondeur médiatique.
Ces révélations, bien que documentées, n’ont suscité qu’une couverture médiatique limitée — un silence qui interroge, surtout au vu de l’ampleur des sommes engagées.
Un contexte plus large de controverses financières
Ce cas ne survient pas en vase clos. Il s’inscrit dans un historique déjà chargé : le Rassemblement national a été condamné en 2018 pour avoir détourné près de 4 millions d’euros de fonds européens via de faux contrats d’assistants parlementaires. La Cour de justice de l’Union européenne a confirmé la fraude, et le parti a dû rembourser une partie des sommes.
Dans ce contexte, une nouvelle dépense de 133 000 euros — justifiée comme « formation professionnelle » — relance le débat sur la transparence et l’éthique dans l’usage des subventions parlementaires.
Des fonds publics, des usages flous
Le règlement du Parlement européen autorise les groupes politiques à financer des formations pour leurs membres. Mais la frontière entre formation légitime et amélioration d’image personnelle reste poreuse. Dans ce cas, les objectifs affichés (« apprendre à faire sérieux ») soulèvent des questions : s’agit-il de renforcer les compétences d’un élu… ou de fabriquer une image de marque ?
Pour les citoyens, la réponse n’est pas anodine. Car derrière chaque euro dépensé se cache un choix politique — et une légitimité à interroger.
Et maintenant ?
À ce jour, ni le Parlement européen ni le Rassemblement national n’ont publié de réponse officielle détaillée. Aucune enquête interne n’a été annoncée. Pourtant, avec un scrutin européen à l’horizon 2029 et des citoyens de plus en plus sensibles aux usages de l’argent public, cette affaire pourrait ressurgir — surtout si d’autres cas similaires venaient à être révélés.
En attendant, les 133 000 euros restent un symbole : celui d’un système où l’image, parfois, coûte plus cher que la substance.
