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Macron assume ses dépenses : vers un tournant budgétaire en 2026 ?

Emmanuel Macron reconnaît avoir « beaucoup dépensé » pour protéger les Français pendant les crises récentes. Mais aujourd’hui, le ton change. Face à une dette publique qui pèse sur la crédibilité financière de la France, le président appelle à « économiser et travailler pour rembourser ». Une déclaration qui marque un virage stratégique dans la gestion budgétaire du pays — et qui coïncide avec le retour de Sébastien Lecornu à Matignon.

Une économie sous pression et un déficit en hausse

L’économie française traverse une période de grande instabilité. Malgré une résilience apparente, le climat des affaires s’est nettement dégradé. La démission surprise de Sébastien Lecornu, rapidement suivie de sa reconduction au poste de Premier ministre, a accentué l’incertitude politique. Conséquence directe : une contraction de 0,3 point du PIB, soit plusieurs milliards d’euros de recettes en moins.

Cette fragilité a entraîné une réaction immédiate des marchés. La note de crédit de la France a été revue à la baisse, rendant le financement public plus coûteux. Dans ce contexte, Emmanuel Macron a décidé de recentrer sa stratégie autour de la maîtrise des finances publiques — un impératif devenu urgent.

Le projet de budget 2026 : rigueur et recettes fiscales

Sous la houlette de Sébastien Lecornu, le gouvernement prépare un projet de loi de finances 2026 ambitieux. L’objectif ? Réaliser un effort budgétaire de près de 30 milliards d’euros en une seule année. Pour y parvenir, plusieurs mesures impopulaires sont envisagées :

  • Suppression de l’abattement de 10 % pour les retraités les plus aisés
  • Gel des pensions de retraite
  • Gel du barème de l’impôt sur le revenu, ce qui augmentera mécaniquement les recettes fiscales

Ces décisions visent à toucher en priorité les ménages à revenus élevés, tout en évitant une pression fiscale accrue sur les classes moyennes. Elles s’inscrivent dans une logique de consolidation budgétaire similaire à celle proposée par François Bayrou, dont le plan visait 43,8 milliards d’euros d’économies.

Macron assume : « J’ai protégé, maintenant il faut rembourser »

Dans un entretien accordé à JDNews le 26 août 2025, Emmanuel Macron a assumé pleinement son rôle dans l’expansion de la dette publique. « Cette part, c’est la protection des Français face à des crises historiques », a-t-il expliqué, évoquant notamment le chômage partiel durant le Covid, le gel des factures d’électricité pendant l’inflation ou encore l’indexation des retraites.

Pour étayer son propos, le chef de l’État a comparé l’évolution annuelle de la dette sous ses prédécesseurs : +2,3 points de PIB sous Mitterrand, +0,9 sous Chirac, +5,3 sous Sarkozy, +1,4 sous Hollande. Depuis 2017, la France se situe autour de +1,7 point de PIB par an — une hausse qu’il attribue à des chocs exogènes majeurs : pandémie, guerre en Ukraine, inflation record.

« J’assume aussi aujourd’hui qu’après avoir beaucoup dépensé pour protéger, il faut économiser et travailler pour rembourser », a-t-il insisté. Une position qui tranche avec celle de certains partis politiques, qu’il accuse d’incohérence : « Il est singulier que ceux qui prônaient plus de dépenses en temps de crise refusent aujourd’hui de contribuer au remboursement. »

Un appel au compromis politique en période de crise budgétaire

Face à l’urgence, Emmanuel Macron appelle les forces politiques à dépasser leurs clivages. « Il faut trouver les voies du compromis et de la stabilité, comme c’est la pratique partout en Europe », a-t-il déclaré. Un message clair adressé à l’ensemble de la classe politique, alors que le projet de budget 2026 devra être adopté dans un climat parlementaire tendu.

Entre rigueur budgétaire, justice fiscale et stabilité économique, la France entame un nouveau chapitre — où chaque euro comptera.