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Accord UE-MercosUR : Macron dit oui… mais sous conditions strictes

Le président français Emmanuel Macron a relancé vendredi le débat autour de l’accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur. Alors que Lula da Silva, président du Brésil, effectuait une visite officielle à Paris, le chef de l’État français a fait savoir qu’il était prêt à entériner le texte d’ici la fin de l’année — à condition que ses demandes soient entendues.

Ce revirement, ou plutôt cette clarification, intervient alors que le dossier traîne depuis plus de vingt ans. Et il n’est pas près de se régler sans consensus clair au sein de l’Union européenne.

Un accord stratégique selon Macron, mais sous conditions

Interrogé par la chaîne brésilienne GloboNews, Emmanuel Macron a reconnu que un accord UE-Mercosur restait stratégiquement pertinent, notamment pour renforcer les relations diplomatiques et économiques avec les pays sud-américains.

Mais il a insisté sur la nécessité d’un protocole additionnel visant à encadrer les importations venues du continent latino-américain :

  • « Un protocole qui permette soit d’avoir des clauses miroirs, soit d’avoir des clauses de sauvegarde »
  • Des règles précises pour réagir si un marché venait à être submergé par des produits étrangers

En somme, selon lui, il est essentiel de protéger les producteurs européens face à une possible concurrence déloyale.

Lorsqu’on lui a demandé s’il signerait l’accord si ces conditions étaient acceptées, il a répondu sans ambivalence : « Oui, d’ici la fin de l’année. »

Lula reste optimiste, malgré les résistances

De son côté, Luiz Inácio Lula da Silva, en tant que nouveau président tournant du Mercosur, a exprimé sa volonté forte de conclure cet accord. Il a insisté sur son importance économique pour les quatre États membres : Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay.

« Je ne vais pas laisser la présidence de Mercosur sans un accord avec l’Union européenne », a-t-il lancé devant Emmanuel Macron, avant de se dire « optimiste » quant à une issue positive.

Cette déclaration contraste avec les tensions internes à l’UE, où plusieurs États membres, dont la France, bloquent encore le processus.

La France en première ligne contre les normes agricoles

La position française reste claire : l’accord doit garantir un niveau de sécurité alimentaire, environnemental et sanitaire équivalent à celui imposé aux agriculteurs européens.

« Nous, en Europe, on a mis à nos paysans des règles. On leur a dit : ’Tu ne dois plus utiliser tels produits phytosanitaires parce que ce n’est pas bon pour le climat, la biodiversité ou la santé humaine’. Si vous voulez produire dans le Mercosur et importer en Europe, ça doit être soumis aux mêmes règles », a martelé le président français.

Une exigence partagée par d’autres pays comme l’Autriche, la Pologne ou encore la Hongrie, qui craignent une inondation du marché européen par des produits jugés moins contrôlés.

Pourquoi cet accord divise l’Europe

L’accord prévoit un abaissement progressif des droits de douane entre les deux blocs :

  • Exportations accrues vers le Mercosur : voitures, machines, spiritueux
  • Importations facilitées depuis l’Amérique du Sud : viande, sucre, riz, miel, soja

Ces dispositions inquiètent particulièrement les agriculteurs français, déjà fragilisés par des crises multiples. Ils redoutent une concurrence massive venue d’un continent où les normes sont souvent perçues comme plus souples.

Pour faire tomber l’accord, il faudrait que au moins quatre États représentant plus de 35 % de la population de l’UE s’opposent au texte. Pour l’instant, la France, la Pologne, l’Autriche et la Hongrie semblent alignés dans une position critique.

Sources :