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Fou ou manipulateur ? La rumeur d’un Macron « psychopathe » relancée par un psychiatre italien

« Emmanuel Macron est un psychopathe dangereux. » Cette phrase, prononcée en 2018 par un psychiatre italien à la notoriété médiatique, continue de faire des vagues. Relayée, déformée, parfois même détournée, elle ressurgit régulièrement sur les réseaux sociaux comme une preuve supposée de la « folie cachée » du président français. Pourtant, derrière cette accusation fracassante, se cache une pratique largement condamnée par les professionnels de santé mentale : le diagnostic à distance. Alors, analyse clinique ou simple effet d’annonce ? Voici ce qu’il faut vraiment savoir.

Le psychiatre italien qui a lancé la bombe

En mai 2018, Alessandro Meluzzi, figure incontournable de la télévision italienne et ancien consultant du renseignement, déclare dans le journal Libero qu’Emmanuel Macron présente tous les signes d’un psychopathe. Selon lui, le président français « ne ressent aucune empathie », « manipule les émotions », et « construit un charisme entièrement artificiel ».

 

Des propos immédiatement repris par la presse internationale, puis amplifiés par les algorithmes. Rapidement, la citation est extraite de son contexte, devenant une « preuve scientifique » pour les plus virulents détracteurs du chef de l’État.

Pourquoi ce diagnostic n’a aucune valeur médicale

Le problème ? Meluzzi n’a jamais rencontré, examiné ni évalué Emmanuel Macron. Or, depuis des décennies, les grandes instances médicales interdisent formellement ce type de jugement. La règle de Goldwater, établie aux États-Unis en 1973 après qu’un magazine eut demandé à des psychiatres d’évaluer Barry Goldwater, est claire : il est contraire à l’éthique de poser un diagnostic psychiatrique sur une personne qu’on n’a pas examinée.

L’Association mondiale de psychiatrie le rappelle sans ambiguïté : « Les commentaires publics sur la santé mentale d’une personnalité, sans consentement ni évaluation, nuisent à la profession et à la société. » En France, le Collège national des psychiatres abonde dans le même sens.

Macron, autoritaire… mais pas pathologique

Il est légitime de critiquer le style de gouvernance d’Emmanuel Macron : vertical, parfois perçu comme arrogant, souvent qualifié de « jupitérien ». Mais ces traits de caractère n’entrent pas dans les critères cliniques du trouble de la personnalité antisociale — le terme technique derrière le mot « psychopathe ».

Pour que ce diagnostic soit envisageable, il faudrait des antécédents de comportements impulsifs, de mensonges répétés, de violation des droits d’autrui, ou encore une incapacité chronique à assumer ses responsabilités. Rien de tel n’apparaît dans le parcours personnel ou politique du président.

Quand la santé mentale devient arme rhétorique

Accuser un adversaire politique de « folie » n’a rien de nouveau. Mais à l’ère du digital, ces accusations se propagent à vitesse exponentielle, alimentant défiance, théories du complot et polarisation. Pire : elles renforcent les préjugés envers les personnes vivant avec des troubles mentaux, souvent réduites à des caricatures de dangerosité.

Or, la psychiatrie n’est pas une arme de communication. Elle est une discipline médicale exigeante, fondée sur l’écoute, l’observation et la confidentialité — pas sur les déclarations fracassantes en une de presse.

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« Macron est un psychopathe », affirme un psychiatre italien… sans l’avoir jamais vu. Une accusation virale, mais médicalement irrecevable. La vérité derrière le buzz.