Macronisme : La fin annoncée par Bruno Retailleau dans un choc politique majeur
« Le macronisme s’achèvera avec Emmanuel Macron. » Cette phrase, prononcée par Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicains au Sénat, résonne comme un verdict historique. Une déclaration cinglante, assumée, qui ne se contente pas de critiquer un quinquennat, mais en condamne la pérennité. Et pour couronner son offensive, Retailleau rejette avec force le fameux « en même temps », pilier idéologique de la politique macronienne. Dans un contexte de recomposition politique intense, cette sortie marque-t-elle le début de la fin d’une ère ? Ou simplement l’affirmation d’une opposition retrouvée ?
Un constat sans appel : le macronisme, une aventure individuelle ?
En affirmant que le macronisme ne survivra pas à son fondateur, Bruno Retailleau opère une dissection politique radicale. Selon lui, ce n’est pas un mouvement, une idée, ou une transformation profonde de la société française, mais une entreprise centrée sur une seule personne. Une vision que beaucoup d’observateurs partagent, tant la marque Emmanuel Macron est indissociable de son parti, de ses nominations, de sa communication.
Cette analyse va au-delà de la critique d’un bilan. Elle suggère que le macronisme manque de racines idéologiques profondes, qu’il est trop dépendant d’un style, d’un récit, d’un homme. Un constat qui prend tout son sens alors que la succession présidentielle s’approche à grands pas, et que personne, au sein de la majorité, ne semble en mesure d’incarner une continuité naturelle.
Le rejet du « en même temps » : une rupture idéologique
Le rejet du « en même temps » par Bruno Retailleau n’est pas anodin. Ce slogan, emblématique du macronisme, symbolise une volonté de dépasser les clivages traditionnels : ni de gauche, ni de droite, mais pragmatique, ouvert, synthétique. Pour ses détracteurs, il incarne surtout l’entre-deux, le flou, l’absence de ligne claire.
Retailleau, figure de la droite classique, le rejette comme une posture vide. « Je ne crois pas au « en même temps » », affirme-t-il, comme s’il rappelait une forme de vérité politique : on choisit un camp, on assume ses convictions, on ne navigue pas entre tous les courants. Ce rejet est aussi une affirmation de son propre camp : une droite de conviction, claire, assumée, en opposition frontale avec le centrisme macronien.
Un contexte de recomposition politique
Ces déclarations ne tombent pas dans un vide. Elles interviennent à un moment charnière. La majorité présidentielle, affaiblie par les élections européennes de 2024 et les législatives de 2022, peine à se réinventer. Le Rassemblement National, en pleine ascension, redéfinit l’échiquier. Et Les Républicains, après des années de crise identitaire, cherchent à retrouver une voix forte.
Dans ce contexte, la sortie de Bruno Retailleau s’inscrit dans une stratégie de clarification. Il ne cherche pas à rallier les centristes, mais à mobiliser la base de son camp. En diabolisant le « en même temps », il trace une ligne de clivage nette, indispensable à la recomposition de l’opposition de droite.
La fin d’un modèle politique ?
Dire que le macronisme s’achèvera avec Macron, c’est aussi poser une question sur l’avenir du centrisme en France. Peut-il exister sans son initiateur ? Peut-il s’institutionnaliser ? Ou bien est-il condamné à rester une parenthèse, portée par une personnalité hors norme ?
Les premiers signes vont dans le sens d’une fragilité structurelle. Aucun leader émergent n’incarne aujourd’hui une alternative crédible au sein de la majorité. Les dissidences se multiplient. Et l’électorat, de plus en plus polarisé, semble moins réceptif au compromis que le « en même temps » prétend incarner.
Et après Macron ?
La question n’est plus seulement celle du second tour de 2027, mais de ce qui viendra après. Si Bruno Retailleau a raison, alors la France basculera dans une nouvelle ère, définie par des clivages plus nets, une opposition plus tranchée, et peut-être un retour à une alternance classique.
Mais si le macronisme parvient à survivre, ce sera en se transformant. En s’appuyant sur des figures nouvelles, en développant une pensée collective, en sortant de l’ombre de son fondateur. Une gageure, tant l’empreinte d’Emmanuel Macron est profonde.