Marion Cotillard reprend fièrement l’insulte de Brigitte Macron : « Je suis une sale conne »
Alors que la France s’interroge sur les limites de la contestation féministe, Marion Cotillard vient de transformer une insulte en acte de résistance. En reprenant à son compte l’expression « sale conne » — lancée par Brigitte Macron à l’encontre de militantes —, l’actrice signe un virage symbolique dans son rapport au féminisme. Un geste simple, mais chargé de sens dans un climat social de plus en plus polarisé.
Un hashtag qui fait tache d’huile
Mardi 9 décembre 2025, Marion Cotillard publie sur Instagram un message sobre : fond noir, texte blanc, et ces cinq mots : « Je suis une sale conne. » Accompagné du hashtag #saleconne, le post reprend une initiative du collectif #NousToutes, qui réagit aux propos tenus en coulisses par Brigitte Macron après une interruption du spectacle d’Ary Abittan.
L’actrice, oscarisée pour La Môme, n’est pas la seule à s’emparer du terme. Judith Godrèche, figure centrale du mouvement #MeToo en France, et des centaines d’autres femmes ont fait de cette insulte une bannière. Une stratégie classique dans l’histoire des luttes : retourner contre l’oppression les mots qu’elle utilise pour humilier.
Origine de la polémique : une phrase filmée en coulisses
Le dimanche 7 décembre, Brigitte Macron assiste à une représentation d’Ary Abittan à Paris. La veille, quatre militantes masquées avaient interrompu le spectacle en scandant « Abittan violeur », en référence à des accusations de viol datant de 2021. Bien qu’un non-lieu ait été confirmé en appel en janvier 2025, leur action visait à dénoncer ce qu’elles perçoivent comme une réhabilitation prématurée de l’humoriste.
En coulisses, Ary Abittan exprime ses craintes. Brigitte Macron lui répond, en riant : « S’il y a des sales connes, on va les foutre dehors. » La vidéo, publiée lundi par Public, a immédiatement déclenché une vague d’indignation. Son entourage assure qu’elle visait uniquement « les méthodes radicales des perturbateurs masqués », pas les féministes en général.
Une évolution personnelle marquante
Le soutien de Marion Cotillard frappe d’autant plus qu’il contraste avec ses déclarations passées. En 2015, elle refusait l’étiquette de féministe, affirmant vouloir « se battre pour les droits des femmes sans séparer les hommes et les femmes ». Dix ans plus tard, son geste semble marquer une reconnaissance : le féminisme contemporain ne se limite plus à la diplomatie.
Cette transformation illustre un changement générationnel. Là où l’on cherchait jadis à rassurer, on revendique désormais la colère, la visibilité, et parfois même l’impolitesse — surtout quand elle sert à briser le silence.
La plainte qui pourrait tout changer
Le collectif Les Tricoteuses hystériques, né après les viols de Mazan, a annoncé son intention de porter plainte contre Brigitte Macron pour ses propos. Si cette démarche aboutit, elle pourrait transformer un clash médiatique en affaire judiciaire, redéfinissant les contours de la liberté d’expression dans l’espace public.
Entre soutien à un artiste contesté et condamnation de formes de protestation jugées excessives, la première dame se retrouve au cœur d’un débat qui dépasse largement le cas d’Ary Abittan. Il s’agit désormais de savoir qui a le droit de parler — et surtout, de se faire entendre.
