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Scène de conflit à Créteil : un homme saisit des produits alimentaires sur un trottoir

Sur un trottoir de Créteil, une scène insolite a déclenché un débat en ligne. Un homme, visiblement agacé, s’approche d’un étalage informel installé sur le sol : fruits, légumes, boissons, disposés dans des bacs retournés ou directement à même le bitume. Sans dire un mot, il commence à tout ramasser. Il place les produits dans des chariots de supermarché, comme s’il rétablissait un ordre bafoué. Les vendeurs, silencieux, n’interviennent pas. La vidéo, rapidement partagée, interroge autant par ce qu’elle montre que par ce qu’elle ne dit pas. Qui est cet homme ? Agit-il seul ? Et surtout : que révèle cette scène sur les tensions invisibles de la ville ?

Un marché informel sous tension

Les trottoirs de certains quartiers de Créteil accueillent régulièrement des vendeurs ambulants. Pour certains, il s’agit d’une activité économique de survie. Pour d’autres, d’une intrusion dans l’espace public. Ce jour-là, l’équilibre a basculé. L’homme, non identifié, semble considérer que l’exposition des produits alimentaires sur le sol est inacceptable. Il intervient sans appel, avec une détermination calme mais ferme.

Les images, tournées par un passant, montrent une scène presque théâtrale. Aucune violence physique, mais une forme d’autorité imposée. Les vendeurs, pour la plupart d’origine subsaharienne ou maghrébine, ne réagissent pas. Peut-être par crainte de représailles. Peut-être parce qu’ils connaissent ce type de désagrément. Leur activité, bien que fréquente, est illégale : vente sans autorisation, sans contrôle sanitaire, souvent en marge de la réglementation municipale.

Des hypothèses qui s’entrechoquent

 

Sur les réseaux sociaux, les interprétations fusent. Certains voient en cet homme un simple citoyen soucieux de l’hygiène publique. D’autres y voient un commerçant du quartier, protégeant son fonds de commerce. Une rumeur plus inquiétante circule : il pourrait s’agir d’un revendeur de cigarettes de contrebande, éliminant un concurrent sur son territoire. Une hypothèse que rien ne confirme, mais qui reflète la méfiance envers certaines pratiques informelles.

D’autres internautes soulèvent une piste différente : les produits saisis pourraient être des dons alimentaires détournés, provenant de banques alimentaires ou de surplus de grandes surfaces. Un phénomène connu, mais difficile à prouver. Dans ce cas, l’homme agirait-il comme un justicier autoproclamé, cherchant à punir un circuit parallèle ?

Un espace public en tension

Cette scène, bien que ponctuelle, révèle des fractures plus profondes. Créteil, comme de nombreuses villes périphériques, vit avec une économie informelle visible. Elle répond à des besoins réels : accès à des produits frais à bas prix, emploi en l’absence d’opportunités légales. Mais elle heurte aussi des normes : salubrité, concurrence déloyale, occupation de l’espace public.

Les autorités municipales peinent à encadrer ce phénomène. Les contrôles sont sporadiques. Les sanctions, quand elles existent, sont souvent inefficaces. Et les habitants, divisés, oscillent entre solidarité et frustration. “Ils vendent bien, mais pourquoi sur le sol ?”, lance une passante interrogée par un journal local. “C’est pas propre. Mais en même temps, ils ont peut-être pas le choix.”

Vers une régulation ou une stigmatisation ?

Le problème n’est pas celui d’un homme ramassant des tomates. Il est celui d’un manque de politique publique claire. Faut-il criminaliser ces vendeurs ? Les intégrer dans des marchés organisés ? Leur offrir un statut, un encadrement, des lieux dédiés ? Des expériences existent ailleurs en France : Paris a testé des zones autorisées pour les ambulants ; Lyon a mis en place des micro-permis. Mais à Créteil, rien de tel.

La vidéo, sans commentaire, devient un miroir. Elle renvoie chacun à ses préjugés, à ses peurs, à ses convictions. Elle ne donne pas de réponse. Elle pose une question : comment vivre ensemble dans une ville où l’informel est devenu une norme ?