Michel Onfray : « La prison est devenue une légion d’honneur de la barbarie » – Une déclaration qui fait débat
Lors d’une intervention remarquée sur CNEWS, le philosophe Michel Onfray a lâché une phrase choc : « Si la prison effrayait autrefois, elle est aujourd’hui devenue un signe de noblesse, une espèce de légion d’honneur de la barbarie. » Ces mots, prononcés en réaction aux vagues de rodéos urbains qui secouent la France, ont immédiatement suscité réactions et interrogations.
Au croisement entre philosophie, société et sécurité publique, cette déclaration invite à une réflexion profonde sur l’évolution de notre rapport à la justice, à la punition et au symbole que représente la prison dans certaines franges de la société actuelle.
Une vision provocatrice mais pas sans fondement
Pour Michel Onfray, la prison n’agit plus comme un outil dissuasif. Elle ne terrorise plus ceux qui pourraient basculer dans la délinquance ou la violence. Bien au contraire : elle pourrait même être perçue comme une sorte de consécration tragique, voire héroïque, chez certains jeunes issus de milieux défavorisés.
Cette idée rejoint des analyses sociologiques selon lesquelles l’incarcération peut parfois être valorisée dans certains environnements, en particulier là où la figure du voyou côtoie celle du modèle social. Le philosophe n’est pas tendre : il y voit une forme de banalisation de la violence, soutenue par une culture populaire médiatisée et parfois romantiquée.
Le contexte : montée des rodéos urbains et insécurité
Ses propos interviennent après une série de faits divers marqués par des rodéos motorisés, souvent violents, organisés par des groupes de jeunes dans plusieurs grandes villes françaises. Ces phénomènes inquiètent autant par leur ampleur que par leur caractère symbolique : un défi lancé à la fois aux forces de l’ordre, à la tranquillité publique et à la loi.
Face à cela, la réponse pénale s’intensifie. Plusieurs arrestations ont eu lieu, des peines d’emprisonnement ferme ont été prononcées. Et pourtant, le phénomène persiste. Ce constat semble nourrir la pensée d’Onfray : si la prison ne fait plus peur, c’est qu’elle a perdu sa fonction dissuasive — et pris une toute autre dimension.
Est-ce vraiment une « légion d’honneur » ?
Bien sûr, cette expression forte est à comprendre dans son contexte philosophique. Il ne s’agit pas de dire que les jeunes aspirent à aller en prison, mais plutôt que l’idée de l’emprisonnement ne porte plus la même charge symbolique de menace.
Dans certains milieux, l’expérience carcérale peut être vue comme une épreuve initiatique, voire un passage obligé pour ceux qui veulent asseoir une réputation. Cette transformation du regard pose question quant à l’efficacité de notre système pénitentiaire et à la place de la prison dans la lutte contre la délinquance.
Un débat sur la réhabilitation et l’exemple donné par l’État
Les critiques fusent : comment en est-on arrivé à ce point où la prison ne semble plus incarner la sanction ultime ? Pourquoi les peines ne font-elles plus effet ? Est-ce un problème de durée, de conditions de détention, ou d’un manque total de suivi socio-éducatif ?
Plusieurs études montrent que le taux de récidive en France tourne autour de 40 %, soulignant l’échec partiel du système actuel à réinsérer les détenus. Pour certains experts, il est temps de repenser la prison non comme une simple punition, mais comme un espace de transformation sociale.