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Quand les chambres vides deviennent des refuges pour l’avenir

Claire Lelièvre ne supportait plus ce contraste brutal : d’un côté, des adolescents blottis contre les murs de la gare de Nantes, sans toit ni repère. De l’autre, chez elle, des pièces silencieuses, inutilisées. « Je voyais ces jeunes chaque matin… et je savais que je pouvais faire quelque chose. » Ce constat simple, mais insoutenable, a déclenché une chaîne de solidarité désormais structurée en association : Maison Jeunes Migrants.

De l’hébergement spontané à un modèle reproductible

En 2024, tout commence chez elle. Deux jeunes filles, puis quatre adolescents originaires d’Afrique subsaharienne trouvent refuge sous son toit. Rapidement, Claire réalise que l’urgence ne se limite pas à offrir un lit. Il faut aussi guider vers l’école, aider à comprendre les démarches administratives, et surtout, redonner confiance.

Face à la saturation des dispositifs publics pour les mineurs isolés étrangers, elle fonde en 2025 une structure innovante : des maisons en colocation, encadrées par des binômes de bénévoles formés. L’objectif ? Favoriser une autonomie progressive, sans infantiliser, ni laisser à l’abandon.

Un accompagnement sur mesure, ancré dans le réel

Le modèle s’inspire d’expériences locales comme Égide Solidarité 44, mais mise sur la dynamique de groupe. Les jeunes vivent ensemble, partagent les tâches, s’entraident. Les bénévoles ne sont pas des substituts parentaux, mais des repères stables, présents au quotidien.

Des parcours qui redonnent espoir

Abdoulaye, arrivé du Cameroun sans savoir nager, intègre en quelques semaines le lycée professionnel maritime Jacques Cassard à Nantes. Ibrahim, scolarisé à Vertou, est repéré par un entraîneur pour son talent footballistique. « Ce sont des jeunes qui ont traversé l’enfer… et qui relèvent la tête avec une force incroyable », témoigne Claire.

Leur point commun ? Une détermination farouche à construire une vie digne en France — à condition qu’on leur tende la main au bon moment.

Un toit prêté, un avenir protégé — mais pour combien de temps ?

La première maison ouvre en juin 2025, grâce au prêt temporaire d’un promoteur immobilier. Cinq jeunes y vivent aujourd’hui dans un cadre sécurisant. Mais l’horizon est incertain : le bâtiment sera détruit dans moins d’un an.

Pour continuer, l’association a besoin de trois leviers concrets :

  • Des logements vides : appartements, maisons, même inoccupés quelques mois.
  • Des bénévoles en binôme : pour un accompagnement stable et bienveillant.
  • Des dons : essentiels pour financer la coordination, la formation et le suivi psychosocial.

Une mission qui prend encore plus de sens

Avec la naissance de son premier enfant, Claire voit son combat sous un nouveau jour. « J’aimerais qu’il grandisse entouré de ces jeunes. Ils ont traversé tant d’épreuves, et pourtant, ils rayonnent. » Pour elle, chaque maison ouverte n’est pas seulement un abri — c’est une promesse : celle d’un avenir possible, partagé, et solidaire.