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Montreuil : une infirmière et son conjoint mis en examen pour des agressions sur des nouveau-nés

Un drame silencieux, filmé, partagé, puis dénoncé. À l’hôpital de Montreuil, dans le service de néonatologie, un lieu censé symboliser la protection et la fragilité de la vie, une infirmière de 26 ans et son compagnon sont mis en examen pour des actes d’une extrême gravité. Des agressions sexuelles sur des bébés, accompagnées de captation d’images pédopornographiques. Une affaire qui ébranle l’opinion publique, révélée par des vidéos postées sur TikTok, puis confirmée par une enquête judiciaire. Le choc est d’autant plus grand que c’est la jeune femme elle-même qui a alerté les autorités, accusant aussi celui qu’elle dit avoir été manipulée par son compagnon.

Une dénonciation spontanée qui déclenche l’enquête

Mercredi 30 juillet 2025, l’infirmière se présente d’elle-même au commissariat de Clichy-sous-Bois. Elle reconnaît avoir commis des actes sur des nouveau-nés dans le cadre de son travail à l’hôpital de Montreuil. Mais elle affirme aussi avoir été poussée, voire manipulée, par son compagnon, un homme de 28 ans. Ce témoignage spontané, rare dans ce type de dossiers, a immédiatement déclenché une enquête approfondie des services de police judiciaire.

Deux jours plus tard, samedi 2 août, le parquet de Bobigny annonce que l’infirmière est mise en examen pour agressions sexuelles sur mineurs et captation d’images à caractère pédopornographique. Son compagnon est, lui, mis en examen pour complicité par instigation d’agressions sexuelles sur mineurs.

Des vidéos sur TikTok, alerte du public

Avant même la dénonciation officielle, des signaux avaient été lancés sur les réseaux sociaux. Sur TikTok, une vidéo virale, vue plus d’un million de fois, alertait sur un « scandale dans un hôpital du 93 ». Un homme face caméra dénonçait deux employés soignant des nourrissons, les accusant de « maltraiter des enfants noirs » à « caractère sexuel ». Il appelait même à une « justice de la rue », suscitant une vague d’indignation.

Ces publications, bien que non corroborées à l’époque, ont attiré l’attention des forces de l’ordre et des autorités sanitaires. Elles ont été intégrées à l’enquête comme éléments de contexte, même si les faits n’ont pu être confirmés qu’après l’intervention de la jeune femme.

Deux victimes identifiées, aucune piste raciale

À ce stade de l’enquête, deux bébés ont été identifiés comme victimes. Le parquet de Bobigny insiste sur un point crucial : il n’y a aucun caractère racial dans les faits reprochés. L’un des nourrissons est de race blanche, l’autre de race noire. Les investigations se poursuivent pour déterminer si d’autres enfants ont pu être exposés à ces actes.

Les vidéos médicales et les registres de soins sont passés au crible. Une expertise judiciaire est en cours pour analyser les images récupérées et établir une chronologie précise des faits.

Un hôpital sous tension, un service sous surveillance

Le service de néonatologie de l’hôpital de Montreuil, chargé de prendre en charge les nouveau-nés fragiles ou prématurés, est placé sous haute surveillance. Des mesures de contrôle renforcées ont été mises en place, avec un audit interne et l’intervention de la direction de l’Agence régionale de santé (ARS) Île-de-France.

Les familles des nourrissons ayant séjourné dans ce service sont informées par courrier. Un dispositif psychologique d’accompagnement est mis en place pour les parents, dans un contexte de profonde détresse collective.

Une affaire qui interroge sur la vigilance et la détection

Cette affaire soulève de nombreuses questions. Comment de tels actes ont-ils pu se produire dans un lieu de soin, sous les yeux d’autres professionnels ? Quel rôle ont joué la pression psychologique et la manipulation dans le comportement de l’infirmière ? Et surtout, comment détecter, à l’avenir, des signes avant-coureurs dans des environnements aussi sensibles ?

Le cas rappelle l’importance de protéger les plus vulnérables, mais aussi de renforcer les dispositifs de signalement interne dans les établissements de santé. Il montre aussi le rôle parfois inattendu des réseaux sociaux dans la révélation de faits graves, même si leur traitement doit rester rigoureusement encadré par les autorités.