Noël à Strasbourg : quand la sobriété énergétique éteint la magie
La place Kléber, habituellement bercée par les chants de Noël et scintillante de mille feux, est restée dans le noir. Ce samedi 22 novembre 2025, la maire écologiste de Strasbourg, Jeanne Barseghian, a lancé la cérémonie officielle des illuminations… mais l’ampoule n’a pas voulu briller. En direct, devant des milliers de spectateurs et des caméras braquées, le symbole même de la fête hivernale a capoté — provoquant une onde de stupeur, puis de moqueries virales. Ce plantage, pourtant technique, résonne comme une métaphore d’un débat bien plus large : peut-on célébrer Noël dans l’ère du climat ?
Un moment d’attente devenue malaise
🔴🇫🇷 ALERTE VIDÉO | 🎄La maire écologiste de Strasbourg lance les illuminations de Noël à Strasbourg et ça se passe mal. 😂 pic.twitter.com/HLHvFPQF3U
— Jon De Lorraine (@jon_delorraine) November 22, 2025
17 h 30. Le ciel est déjà sombre. La foule, emmitouflée dans des écharpes tricolores et des bonnets alsaciens, se tient prête à applaudir. Jeanne Barseghian s’avance, sourire crispé, et appuie sur le bouton censé déclencher l’allumage des guirlandes géantes suspendues au-dessus de la place. Rien. Elle réessaie. Silence. Les haut-parleurs diffusent toujours le même jingle de Noël en boucle, comme pour combler le vide.
Au bout de trois minutes, un technicien en gilet orange surgit, ajuste un boîtier, et… les lumières s’allument enfin — mais faiblement, par à-coups. Pas de crescendo lumineux. Pas d’ovation. Juste quelques applaudissements hésitants, noyés dans des rires gênés.
Entre écologie et attentes populaires
L’explication ? Un nouveau dispositif d’éclairage éco-conçu, mis en place cette année pour répondre aux objectifs de sobriété énergétique de la municipalité. Finis les néons gourmands : place aux LED ultra-basses consommation, pilotées par un système centralisé censé éviter les surcharges. Seulement, ce système n’a pas supporté le pic de demande simultanée lors de l’activation.
« Nous avons choisi de réduire notre consommation électrique de Noël de 35 % par rapport à 2024 », avait fièrement annoncé la ville quelques semaines plus tôt. Une décision saluée par les associations environnementales… mais mal reçue par une partie des habitants, pour qui Noël, c’est aussi de la lumière, du faste, et du rêve.
La vidéo devient un mème national
En moins de 24 heures, la vidéo de la panne a été vue plus de 2 millions de fois. Sur TikTok, on la parodie avec des « boutons magiques » qui n’allument rien. Sur Twitter (ou X), les hashtags #NoëlDansLeNoir et #BarseghianLaBlackout font florès. Certains y voient une preuve de l’« extrémisme vert » ; d’autres applaudissent l’audace d’une ville qui assume ses choix climatiques, même au prix d’un fiasco médiatique.
Pourtant, derrière la rigolade, la question reste : dans un contexte de crise énergétique, faut-il sacrifier l’émotion collective au nom de la planète ?
Strasbourg, vitrine d’un dilemme européen
Capitale officielle de Noël depuis le XVIe siècle, Strasbourg est observée à la loupe. Son marché, le plus ancien de France, attire chaque année plus de 2 millions de visiteurs. Cette année, malgré le faux pas inaugural, les stands ont ouvert à l’heure, le vin chaud coule, et les odeurs de pain d’épice flottent dans l’air.
Mais l’incident a marqué les esprits. Il illustre la difficulté croissante pour les villes européennes à concilier tradition festive, attentes du public et engagements climatiques. Lyon a déjà supprimé ses illuminations sur les quais ; Paris réduit la durée d’allumage. Strasbourg, elle, a voulu montrer la voie… mais la lumière a failli.
