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Pierre-Jean Chalençon, le couscous et la phrase qui fait tache

Il pensait prouver son ouverture d’esprit. Il a surtout ravivé une polémique raciste. Pierre-Jean Chalençon, figure médiatique aux déclarations souvent explosives, vient de publier une vidéo où, assis devant un plat de couscous, il lâche : « On en a ras-le-bol de la bamboula. » Puis, comme pour se rattraper, il affirme être « un amoureux de la diversité » — citant ses voyages en Tunisie et ses liens avec Frédéric Mitterrand.

Une provocation maladroite ou un aveu involontaire ?

Le mot « bamboula » ne date pas d’hier. Employé depuis le XIXe siècle dans un contexte colonial, il a toujours servi à désigner de façon caricaturale et dégradante les populations noires ou maghrébines. Aujourd’hui, il est unanimement reconnu comme un terme raciste — qu’on le prononce avec ironie, nostalgie ou « second degré ».

En l’utilisant, Chalençon ne se contente pas de choquer : il réactive un imaginaire discriminant. Et son explication — « je mange du couscous, donc je ne suis pas raciste » — ne convainc personne. Pire, elle illustre un classique du déni : instrumentaliser un plat pour se dédouaner d’un propos blessant.

Frédéric Mitterrand, la Tunisie… et le paradoxe

Évoquer des séjours chez Frédéric Mitterrand, ancien ministre de la Culture lui-même critiqué pour ses écrits sur le tourisme sexuel, n’ajoute rien à sa crédibilité. Au contraire. Cela donne l’impression d’un argument de façade, destiné à faire croire à une proximité avec le monde arabo-musulman… sans en comprendre les enjeux contemporains.

Les internautes l’ont aussitôt relevé : aimer un plat, ce n’est pas aimer les gens qui le cuisinent. Surtout quand on les réduit à un stéréotype.

Pourquoi cette affaire résonne si fort en 2025

En cette ère de conscience sociale accrue, chaque mot est scruté. Pas par puritanisme, mais parce que le langage façonne la réalité. Dire « bamboula » en 2025, c’est ignorer des décennies de luttes contre les préjugés. C’est aussi minimiser la douleur de celles et ceux qui subissent encore ces clichés au quotidien.

Des institutions comme le Conseil représentatif des associations noires (CRAN) ou le Centre de ressources sur le racisme rappellent régulièrement que l’humour raciste n’existe pas — seulement du racisme habillé d’ironie.

Et si le vrai débat commençait maintenant ?

Cette vidéo n’est pas qu’un énième dérapage médiatique. Elle pose une question plus large : comment réagir quand une personnalité célèbre banalise un langage discriminant sous couvert de « liberté d’expression » ? Et surtout, pourquoi certaines personnes pensent-elles que manger un plat étranger efface leurs propos toxiques ?

La réponse, elle, ne se trouve pas dans l’assiette… mais dans l’écoute.