Protocole national de repérage de la souffrance psychologique : Élisabeth Borne répond à la tragédie de Nogent
À la suite du meurtre d’une surveillante par un collégien de 14 ans à Nogent, Élisabeth Borne a annoncé que tous les établissements scolaires devront disposer d’ici la fin de l’année 2025 d’un protocole obligatoire de détection et de prise en charge de la souffrance psychologique chez les jeunes. Une réponse urgente face à une crise qui inquiète.
Un protocole obligatoire pour mieux détecter la détresse mentale dès la rentrée
Trois jours après le drame survenu dans la Haute-Marne, la ministre de l’Éducation nationale a pris la parole lors d’un point presse à Saint-Quentin (Aisne). Elle a insisté sur l’importance de « renforcer la détection des jeunes en difficulté ».
Dès janvier 2026, chaque école primaire et secondaire devra donc être équipée d’un dispositif clair pour identifier les élèves en situation de détresse psychologique. L’objectif est simple : agir plus tôt pour éviter de nouvelles tragédies.
Deux référents formés dans chaque établissement d’ici 2026
Le gouvernement a également dévoilé un plan visant à :
- Former deux adultes référents dans chaque établissement scolaire d’ici 2026,
- déployer un modèle national d’intervention précoce,
- mobiliser les étudiants en santé pour enseigner les compétences psychosociales aux élèves,
- et former 300 000 secouristes en santé mentale d’ici 2027.
Ce dernier chiffre représente un doublement par rapport au nombre actuel de personnes formées à cette mission.
Moyens insuffisants selon les syndicats enseignants
Malgré ces annonces ambitieuses, certains syndicats soulèvent un problème majeur : le manque de moyens humains et financiers.
« Sans financement, on ne voit pas bien comment cela peut fonctionner », affirme Catherine Nave-Bekhti de la CFDT Éducation. Sophie Vénétitay (Snes-FSU) ajoute que « on ne peut pas faire peser ce poids sur les personnels déjà en place ».
La ministre admet elle-même que près de 50 % des postes de médecins scolaires sont vacants. En revanche, les postes de psychologues, infirmiers et assistants sociaux sont globalement pourvus, mais doivent être renforcés.
Sécurisation des écoles : les fouilles se poursuivent
En complément de cette stratégie santé mentale, Élisabeth Borne a rappelé que depuis fin mars, des fouilles aléatoires devant les établissements ont été mises en place pour empêcher l’introduction d’armes.
« L’école doit rester un sanctuaire. Les armes n’ont rien à faire à l’école », a-t-elle martelé.
Critiques et rassemblements contre le sous-financement de l’Éducation nationale
Lors de sa visite à Saint-Quentin, une dizaine de professeurs s’est rassemblée devant l’école pour dénoncer le sous-financement chronique du système éducatif.
Christophe Berthiaux (Force Ouvrière) interroge : « Combien de morts faudra-t-il encore pour que les pouvoirs publics acceptent enfin de mettre l’argent nécessaire ? »
Il critique notamment la présence limitée des infirmières scolaires, souvent cantonnées à quelques demi-journées par semaine : « Ce n’est pas acceptable. Si un enfant va mal, il doit pouvoir être reçu quel que soit le moment de la semaine. »