Quand un président devient un fantôme
Vendredi soir, sur RTL, une phrase a traversé l’émission comme un coup de tonnerre dans une salle vide. Pas de rires. Pas de réplique. Juste un silence. Long. Lourd. Nicolas Dupont-Aignan, candidat à la présidentielle de 2027, a dit ce que personne n’osait formuler à haute voix : « On a un fou à la tête de l’État. » Et le pays l’a entendu.
Un mot qui ne vient pas de la rue — mais de l’intérieur du système
Nicolas Dupont-Aignan n’est pas un outsider. Il est ancien député, ancien allié, ancien voisin politique de Macron. Il connaît les coulisses. Les silences. Les décisions prises en dehors des conseils. Il a voté avec lui. Il a défendu ses réformes. Et pourtant, ce soir-là, il a rompu.
« Le président Macron est fou », a-t-il répété. Pas en criant. Pas en riant. Comme on prononce un diagnostic.
Ce n’est pas une attaque électorale. C’est un constat de rupture. Un constat qui résonne parce qu’il est partagé — en silence — par des millions de Français. Pas parce qu’ils le pensent au sens médical. Mais parce qu’ils ne comprennent plus. Plus les choix. Plus les priorités. Plus les silences.
Les Grandes Gueules : un miroir brisé
Le soir même, Abel Boyi, Laura Warton-Martinez et Yves Camdeborde abordaient les sujets du quotidien : la TVA sur l’eau en bouteille, la BNP qui quitte un quartier de Seine-Saint-Denis, la peur de perdre ses enfants à cause de l’insécurité.
Des sujets concrets. Des souffrances réelles.
Et pourtant, la phrase de Dupont-Aignan a tout éclipsé. Pourquoi ? Parce qu’elle ne parle pas de l’argent. Elle parle de la confiance. De la stabilité. De la raison d’État.
Quand un homme qui a partagé le même espace politique que le président le qualifie de « fou », ce n’est pas une insulte. C’est un cri d’alarme. Un cri qui ne vient pas des extrêmes. Il vient du centre. De l’intérieur. Et c’est ce qui le rend mortel.
Macron n’est pas fou. Mais le système qui le porte, oui
Le vrai problème n’est pas la santé mentale du président. C’est la perception que la France a de son pouvoir.
Quand une banque quitte un quartier parce que l’État ne protège plus, quand une taxe sur l’eau en bouteille est perçue comme une insulte aux plus modestes, quand les décisions semblent surgir comme des coups de dés — alors, la rationalité politique disparaît.
Et dans ce vide, la folie prend la forme du mystère. De l’imprévisibilité. Du décalage.
Les Grandes Gueules ne sont pas un show. C’est le dernier lieu où les Français parlent encore, sans filtre. Et ce soir-là, ils ont écouté. Sans rire. Sans applaudir. Parce qu’ils s’y reconnaissaient.
Le silence après la phrase
Personne n’a répondu. Ni Alain Marschall. Ni Olivier Truchot. Ni les invités.
Le silence n’était pas un manque de réaction. C’était une reconnaissance. La reconnaissance qu’un seuil avait été franchi. Que la parole publique avait cessé de débattre des
