Réforme des retraites : le Sénat menace de rétablir la loi
Le bras de fer institutionnel autour de la réforme des retraites entre dans une phase critique. Alors que l’Assemblée nationale s’apprête à voter la suspension de cette mesure emblématique, Gérard Larcher, président du Sénat, lance un ultimatum : si les députés bloquent la réforme, les sénateurs la réinscriront immédiatement dans le budget de la Sécurité sociale 2026. Une déclaration qui révèle l’ampleur du conflit entre les deux chambres du Parlement.
Un avertissement venu de la chambre haute
Dans un entretien au Parisien, Gérard Larcher ne cache pas son agacement. « Le Sénat rétablira la réforme des retraites », affirme-t-il sans détour. Pour le leader des Républicains, abandonner cette réforme, adoptée en 2023 sous la houlette d’Élisabeth Borne, reviendrait à creuser un trou de 30 milliards d’euros dans les comptes sociaux d’ici 2035.
Le Sénat, majoritairement composé de sénateurs LR et Renaissance, considère cette réforme comme indispensable à la pérennité du système. « Nous la votons depuis cinq ans », rappelle Larcher, soulignant une cohérence budgétaire que l’Assemblée, fragmentée politiquement, peine à assumer.
Le PLFSS 2026, champ de bataille parlementaire
Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2026 devient le théâtre d’un affrontement idéologique. À l’Assemblée, les socialistes ont obtenu du Premier ministre Sébastien Lecornu la possibilité de voter la suspension de la réforme — une concession destinée à éviter une motion de censure.
Mais cette manœuvre tactique pourrait bien échouer. Car une fois le texte transmis au Sénat, la majorité conservatrice a les moyens de le modifier. Et Gérard Larcher ne cache pas son intention d’utiliser ce levier : « Il n’est pas question d’accepter n’importe quoi. »
Les positions en jeu
- Gouvernement : cherche à maintenir une fragile stabilité politique.
- Assemblée nationale : divisée, mais avec une majorité potentielle pour suspendre la réforme.
- Sénat : uni derrière une vision budgétaire rigoureuse et favorable à la réforme.
Quel avenir pour les retraités ?
Derrière les calculs parlementaires, ce sont les Français qui attendent des réponses concrètes. La question du salaire de retraite reste centrale, surtout dans un contexte d’inflation persistante et de pression sur les finances publiques.
Si le Sénat parvient à rétablir la réforme, l’âge légal de départ à la retraite pourrait rester fixé à 64 ans. En cas de suspension, le flou juridique et financier s’installerait — au risque de fragiliser davantage la confiance dans le système.
Pour l’heure, tout dépendra de la capacité des institutions à trouver un compromis… ou de leur volonté de s’affronter jusqu’au bout.
