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« C’est éreintant » : Nicolas Sarkozy rompt le silence sur sa détention historique

Pour la première fois depuis son incarcération à la maison d’arrêt de la Santé, Nicolas Sarkozy a décrit publiquement les conditions de sa détention. « C’est dur, c’est très dur… je dirais même que c’est éreintant », a-t-il déclaré ce lundi 10 novembre 2025, lors d’une audience décisive devant la Cour d’appel de Paris. À 70 ans, l’ancien président de la République devient ainsi le premier chef d’État de la Ve République à être emprisonné – une situation inédite qui relance les débats sur la justice, la responsabilité politique et le financement électoral en France.

Une audience familiale et tendue

 

Entouré symboliquement par son épouse Carla Bruni, ses fils Pierre et Jean, ainsi que son frère François Sarkozy, l’ex-locataire de l’Élysée s’est exprimé en visioconférence depuis sa cellule. Ses avocats, menés par Me Jean-Michel Darrois, ont insisté sur la « grande souffrance » morale infligée par cette incarcération. « Même s’il est un homme fort, robuste et courageux, cette détention a été pour lui une grande douleur », ont-ils plaidé.

Depuis son arrivée le 21 octobre 2025, Sarkozy est placé à l’isolement pour des raisons de sécurité, surveillé jour et nuit par deux agents logés dans la cellule voisine. Une mesure exceptionnelle qui témoigne de la gravité perçue de la situation – et du statut unique de l’inculpé.

L’affaire du financement libyen ressurgit

La détention de Nicolas Sarkozy découle directement de sa condamnation, le 25 septembre 2025, par le tribunal correctionnel de Paris. Il a été reconnu coupable d’association de malfaiteurs dans l’affaire du financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007. Selon les juges, il aurait sciemment accepté des fonds provenant du régime de Mouammar Kadhafi, en violation des règles strictes encadrant les dons en campagne électorale.

Pourquoi ce dossier fait-il toujours polémique ?

D’abord parce qu’il implique l’un des personnages les plus marquants de la vie politique française. Ensuite, parce qu’il soulève une question centrale : peut-on réellement contrôler les sources de financement des campagnes présidentielles ? Enfin, parce que cette affaire, vieille de près de deux décennies, demeure d’une actualité brûlante – preuve, s’il en fallait, que certaines ombres du passé continuent de peser sur la démocratie contemporaine.

De la prison aux tribunes : un homme actif malgré tout

Interrogé sur ses activités professionnelles, Nicolas Sarkozy a rappelé qu’il exerce toujours comme avocat. Il a également évoqué son rôle de conférencier international, sollicité à travers le monde depuis 2008. « Mes déplacements ne durent généralement pas plus de deux jours », a-t-il précisé – une information cruciale dans l’examen de sa demande de libération.

Ce lundi matin, le parquet général a requis sa mise en liberté sous contrôle judiciaire, estimant que les risques de pression sur les témoins ou de collusion sont désormais « écartés ». La décision définitive a été rendue à 13h30 : Nicolas Sarkozy a été libéré, en attendant son procès en appel prévu en mars 2026.

Un précédent institutionnel majeur

L’incarcération, même brève, d’un ancien président marque un tournant dans l’histoire judiciaire française. Elle interroge la portée réelle de l’égalité devant la loi et remet en lumière les tensions entre classe politique et autorité judiciaire. Ce cas pourrait inspirer des réformes futures sur la transparence du financement politique – un sujet qui continue de mobiliser l’opinion publique et les régulateurs européens.